Benoît Raphaël

Les contenus longs ont-ils leur place sur Internet ?

5 Novembre 2010 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Daily, #just delivered, #formats longs, #Instapaper, #longread

Vous connaissez peut-être déjà Instapaper, dont on a beaucoup parlé ces dernières semaines, ce service qui vous permet de sauvegarder des articles longs pour les lire plus tard tranquillement sur votre ordinateur, une feuille de papier, ou votre  tablette (Kindle et iPad).  Très simple d'utilisation, Instapaper a rencontré un succès rapide, avec près de 800.000 utilisateurs fin septembre. Dans le même esprit, un nouveau "média" s'est créé, consacré à la sélection d'articles longs. "Longread", c'est son nom, répertorie les contenus longs envoyés par la communauté sur Internet et les classe par temps de lecture. Les internautes proposent les contenus au site via un #tag sur Twitter : #longread suivi du lien vers l'article. Les liens étaient ensuite sélectionnés puis publiés sur le compte @longreads. Avant qu'un site ne soit créé pour rassembler ces perles du Net. Par exemple, ici, vous retrouvez tous les articles de plus de 15.000 signes, qui demandent plus d'une heure de lecture. Ou là : les articles qui vous prendront moins de 15 minutes de votre temps. L'équivalent d'un trajet Gare Montparnasse / Tour Eiffel  sur la ligne 6 du métro parisien. C'est d'ailleurs dans le métro que ces deux idées sont nées. Marco Arment (en photo) a créé Instapaper parce qu'il voulait pouvoir lire les articles qu'il avait sauvegardés sur le web pour pouvoir les lire sur son iPhone hors-connection dans le train qui le ramenait chez lui. Sous terre, difficile de consulter son iPhone. Alors que l'on a justement le temps de lire ! Mark Amstrong a eu l'idée de Longreads de la même manière : "Il n'y a pas de Wi-fi sous terre, la seule chose que vous pouvez lire ce sont de vieux e-mails". Longread est donc un complément média parfait à Instapaper, pour ceux qui ne veulent pas faire le travail de sélectionner les articles, mais juste consulter des contenus intéressants, plus longs, quand ils sont dans les transports en commun. Ou bien, à l'inverse, trouver des contenus intéressants sur Longread pour ensuite les sauvegarder sur Instapaper. Ils pourront ensuite les partager avec leurs amis, qui les trouveront grâce à Flipboard. Cercle vertueux. Ce qui est intéressant dans cette récente popularité de services autour des contenus longs, c'est qu'elle marque le passage à une nouvelle époque. Internet est de moins en moins un média et de plus en plus une extension de notre quotidien. Pourquoi ? Parce qu'on est de plus en plus connecté, parce que l'on y accède de plus en plus par d'autres écrans que celui de l'ordinateur. Le simple fait de posséder un smartphone aujourd'hui donne une nouvelle complexité à l'ecosytème Internet : l'écran mobile nous accompagne partout, il crée donc de nouveaux usages, mais surtout de nouveaux moments de consultation médias. Avant, on le consultait sur un moniteur, peu adapté à une bonne expérience de lecture, essentiellement au bureau, ou rapidement avant de partir au travail et le soir avant le prime time. Des conditions qui favorisent les contenus courts, facilement assimilables, si possible récents. Aujourd'hui c'est n'importe quand, n'importe où. Avec des passerelles entre offline et onlinede plus en plus fluides. Du coup, l'Internet offre plus de reliefs, et libère des expériences mais aussi des moments de lecture différents. Des moments qui sont autant de nouvelles niches pour les contenus longs, supportés par des interfaces mieux adaptées, plus proches, finalement, de l'expérience du papier : des tablettes, des smartphones, que l'on consulte dans le métro, en vacances, dans un parc, au bistrot, à la plage... "Une session de lecture sur iPad dure 1 heure, alors que sur le web elle est de 3 à 4 minutes" constate le patron de Wired Chris Anderson, qui croit beaucoup au potentiel des tablettes et au mix des médias. Les réponses à l'évolution des usages sont faites d'attraction et d'opposition. C'est ainsi que face au flux haché du web, des médias ont construit leur modèle sur l'expérience inverse : retrouver le temps de la lecture, et la structure narrative linéaire du récit. Une respiration essentielle, et désormais possible sur Internet, avec la multiplication des supports. Et sans doute des pistes intéressantes de monétisation derrière.
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