Benoît Raphaël

L'iPad n'a pas encore sauvé la presse

20 Janvier 2011 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Daily, #just delivered

9 mois après son lancement ultra-médiatisé, la tablette d'Apple a rempli son pari : 7 millions d'unités vendues au dernier trimestre, ce qui fait un total de 15 millions d'iPad distribués en 2010. En France, les chiffres sont encore très flous. Les 850.000 annoncés par une agence, sur la base de "chiffres glanés sur Internet" ne semblent pas très sérieux. On s'entend depuis quelques mois à un chiffre entre 400 et 600.000 unités. Ce qui est sûr, c'est que les offres couplées à un abonnement 3G n'ont pas reçues un accueil aussi enthousiaste qu'escompté : seulement 21.000 ipad vendus chez Orange.  Ce qui ne veut pas dire que les offres sans abonnement n'ont pas marché. Les chiffres sont là, cependant, même si les formules 3G ont du mal à passer (elles sont bien trop chères). L'iPad est en train de devenir un produit de grande consommation. Qui a bénéficié, certes, d'un soutien jamais vu de la part des médias. Jamais un lancement de produit n'aura été autant couvert par la presse. Persuadés que la tablette allait les sauver d'un modèle économique en berne, les médias ont tout fait pour installer l'iPad sur le piédestal où  il se trouve. Résultat ? Beaucoup d'iPad vendus. Et toujours pas de modèle économique  viable en vue pour la presse. La dernière étude d'AdAge donne un ton bien différent de ce qu'espéraient les médias : 6 applications sur 24 ont été achetées par les utilisateurs. Seulement 13% sont prêts à payer pour un magazine sur iPad. 86% préfèreraient regarder de la pub pour bénéficier des contenus gratuits. Et les résultats de vente de magazine sur iPad tombés en fin d'année 2010 ne sont guère plus enthousiasmants : un beau démarrage suivi d'une chute assez violente des ventes pour Wired (de 100.000 exemplaires en juin à 22.000 en novembre) ou Vanity Fair (de 10.000 à 8000). En France, le journal Le Monde se dit satisfait de ses chiffres : "aujourd'hui 10.000 personnes lisent le quotidien chaque jour sur iPad" et affirme avoir vendu 100.000 unités en 6 mois (ce qui fait environ 550 journaux vendus par jour). Mais ces chiffres (10.000/ jour) comprennent les abonnés du journal papier à qui l'on donne accès à la version iPad. Comme on pouvait le prévoir en prenant en main la tablette, il sera toujours difficile de vendre des applications médias sur la tablette, qui dispose d'un excellent navigateur. Avec HTML5 qui permet de mettre de l'applicatif dans les navigateurs, la tendance va s'accentuer. De son côté, Flipboard continue de séduire : l'application propose le meilleur des contenus sélectionnés par vos amis ou par des experts. Le mois dernier, l'application a lancé un nouveau service permettant aux médias de créer une rubrique dans l'application. On peut ainsi désormais lire une version Flipboard du Washington Post. Le spectre des agrégateurs ne s'est pas dissipé ! La solution ? Ne pas s'arcbouter sur des choix mais avant tout s'organiser et se structurer en "matière liquide",  afin de s'adapter à un monde digital en perpétuelle mutation. Il faut donc continuer de restructurer ses rédactions en mettant tous les journalistes sur un rythme digital (avec des rythmes lents et courts). Il faut accompagner cette architecture des contenus "360" (multiplateformes) en installant des éditeurs dédiés afin d'adapter les contenus aux usages spécifiques à chaque plateforme. Il faut investir sur le HTML5, ou commencer à y travailler sérieusement, afin d'être prêt. Et comprendre que les tablettes ont amplifié un nouvel usage : le retour du produit fini, mais certainement pas déconnecté des réseaux sociaux, ni de la mise à jour en temps réel. Flipboard est le parfait exemple de ce mariage. Mais il y a d'autres pistes à creuser. Et certainement des passerelles à inventer entre payant et pub.
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