Google déclare la guerre aux "Content Farm"
Cela tombe mal, ou bien, selon le côté duquel on se place. Au moment où "Demand Media", le chef de file de ces producteurs de contenus d'un nouveau genre appelés "content farm" (fermes à contenus), annonçait son entrée en bourse, Google déclarait avoir entendu les complaintes concernant ces sites low-cost qui envahissent les résultats de recherche :
"“Le feedback que nous recevons du web est fort et clair : les gens demandent une action plus forte sur les fermes à contenus et sur les sites dont l'activité consiste essentiellement à spammer ou à produire des contenus de faible qualité".
Reste à définir algorithmiquement les contenus de "faible qualité". Mais Google a tenu sa promesse : le moteur vient d'annoncer un changement majeur dans son algorithme.
Ce changement impactera 11,8% des résultats de recherche. En clair, le "ranking" (le classement) des "content farms" et autres sites jouant avec les requêtes Google pour remplir les résultats de recherche avec des contenus adaptés à la demande mais de faible qualité, va baisser. L'utilisateur pourra également (via le navigateur Chrome) retirer des résultats les sites qui ne l'intéresse pas.
Richard Rosenblatt, le CEO de Demand Media, ne se sent ni menacé, ni... concerné. "J'applaudis l'effort de Google. Nous avons un objectif commun : contenter le consommateur".
Sauf que c'est Google qui décidera. La guerre lancée par le moteur de recherche "jéopardise" un peu plus le modèle des "content farm" dont l'économie et le développement repose essentiellement sur Google. D'abord parce que Google baisse de plus en plus dans l'apport de trafic, au profit des réseaux sociaux et la recommandation (Facebook, Twitter). Mais aussi parce que Google joue gros face au moteur de recherche Bing qui grignote ses parts de marché, notamment aux Etats-Unis. La recherche est au coeur du business de Google. Il ne peut donc pas se permettre de prendre des risques avec ce type de contenus. Si Google décide de blacklister les sites de content farm, ce sera la fin du modèle. On n'en est pas là. L'action sera beaucoup plus subtile, mais le risque est là. Et l'objectif de Google est assez clair, même s'il ne cite personne directement.
Selon Business Insider, qui cite une personne travaillant avec Matt Cutts, le chef de l'anti-spam chez Google, "il y a même un département à Google rempli de Ph.Ds (docteurs en philosophie) dont l'objectif est de sortir les contenus de "Demand Media" des moteurs de recherche.
Comment fonctionnent les fermes à contenus comme Demand Media ?
Business Insider distingue 5 étapes :
1. Rechercher quelles sont les pages de résultat les plus chères pour les annonceurs qui souhaitent placer leurs annonces (liens sponsorisés)
2. Embaucher un "freelance" (blogueur/ pigiste) pour créer du contenu relatif à ces pages de recherche
3. Envoyer ces contenus sur les bons domaines et faire en sorte qu'ils soient le mieux référencés possible.
4. Vendre des Google ads (pubs Google) sur les pages de ces contenus.
5. Appliquer cette méthode de façon massive.
Le système repose sur la capacité à gagner plus d'argent avec la publicité que ce que le contenu a coûté. Les marges sont faibles parce que les contenus restent tout de même chers à produire (même si les producteurs sont assez mal payés : entre 5 et 20€ par article). D'où la nécessité de produire énormément de contenus pour remplir tous les espaces de la longue traine et de jouer sur le volume.
Il est vrai que certaines propriétés de Demand Media, comme eHow, ont des contenus de meilleure qualité (pas que), mais il est clair que toute l'industrie est visée. Et que, même si Rosenblatt estime qu'il ne se sent pas concerné, c'est Google qui décidera. Les fermes à contenus vont devoir faire évoluer leur modèle vers la qualité et la pertinence. Et peut-être donc gagner moins d'argent. Ou en perdre plus.
Illustration : Matt Cutts, responsable de l'équipe anti-spams de Google.
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Quel avenir pour les content farm ?
eHow, le média construit autour des requêtes Google.
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