Peut-être faudrait-il arrêter de faire bloguer les journalistes sur les sites de médias...
Je m'explique. Quand un média traditionnel veut faire écrire ses journalistes papier (ou radio...) sur le site officiel, le réflexe jusqu'ici était : on va lui ouvrir un blog. C'était certainement une bonne idée en 2008, ça a même permis à des journalistes de comprendre que le web, finalement, leur permettait de gagner une visibilité qu'ils n'avaient pas auparavant. C'est le cas d'Emmanuel Berretta par exemple, du Point, dont le blog est devenu un média dans le média. Sauf que ce qui entrait dans une dynamique d'intégration à l'époque trouve aujourd'hui ses limites. Les journalistes papier doivent tous écrire au rythme du digital, pour le web, sur le site web. Les faire passer par un blog est une façon d'entretenir un clivage qui n'a plus lieu d'être. Et qui n'est même plus compris par les journalistes du papier. Pas la peine de passer par un blog, donc. La dimension "média personnel" (pour ne pas dire "personnal branding"...) peut se gérer ailleurs.
Aujourd'hui, vous avez Facebook et Twitter.
The Huffington Post vient de lancer une nouvelle fonctionnalité qui vous permet de ne pas rater les sujets et les contenus des journalistes qui vous intéressent. Le système est simple, mais efficace. Il suffit de créer automatiquement une page de fan pour chaque grand sujet traité sur le média (élections présidentielles, accident Fukushima etc), grâce à l'Opengraph de Facebook. Mais le Huffington Post en génère une aussi pour les journalistes ou les blogueurs de la rédaction. Sous chaque article, on invite l'utilisateur à "liker" (clique sur "j'aime") le sujet, la rubrique, ou le journaliste. A chaque fois qu'un nouvel article sera publié il prévenu sur sa page Facebook ou son Twitter (on crée un compte Twitter à chaque fois). Si tous vos lecteurs sont sur Facebook, il faut aller les chercher sur Facebook.
Qu'est-ce que cela signifie ?
Pour donner de la visibilité et de l'interactivité aux journalistes du papier, inutile de passer par la case blog. Créez leur une page de fans. Soit à leur nom, soit au nom de leur rubrique. Faites les écrire sur le site, avec les autres (leurs infos doivent avoir une plus belle place que le batonnage des dépêches par exemple) et gérez toute la partie communautaire et marketing sur la page Facebook. Je peux m'abonner à ce journaliste, et même discuter avec lui. Cela poussera sans doute les journalistes à avoir deux comptes Twitter : un compte à eux (avec lequel ils échangeront librement) et un compte plus officiel (à leur nom où à celui du sujet qu'ils traitent temporairement ou de la rubrique qu'ils gèrent)
Nicholas Kristof, grand reporter au New York Times a 209.000 fans sur sa page et l'utilise pour interagir avec sa communauté (il lance parfois des appels à témoins) et pour promouvoir ses contenus. Sans parler de "personnal branding" (le terme agace mes confrères), les journalistes n'en sont pas moins autant de "marques" (disons "signatures") pour les médias. C'est une façon de gérer la fragmentation, de capitaliser sur les grandes signatures d'un média, et de leur faire goûter la magie d'Internet sans passer par la case très contraignante du blog.
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