Les ambitions du Plus
Disclaimer : je conseille le nouvel Observateur dans sa stratégie numérique et j'ai été, dans ce cadre, co-créateur du projet "le Plus".
Hier mardi, Claude Perdriel et Laurent Joffrin ont présenté en conférence de presse les ambitions et les initiatives du nouvel Observateur sur le papier et sur le numérique. Nouvelle formule, fusion des rédactions autour d'un site web et mobile recentré sur la valeur ajoutée : "comprendre l'actualité en temps réel". Une valeur ajoutée qui se conjugue avec l'ouverture aux réseaux sociaux et à la société civile : aux côtés des journalistes du magazine (qui travaillent tous désormais pour le site), les internautes, lecteurs, experts, ont désormais un écrin de valorisation avec un nouveau service, baptisé "lePlus".
L'idée du Plus est d'aller chercher la richesse des savoirs, des idées et des témoignages là où elle se trouve, là où on ne la voit pas, ou pas assez. Souvent cachée ou non exprimée, elle se dévoile dans les couloirs des universités, les bistrots, parfois sur les blogs, les forums, Twitter. Abondante richesse, mais presque toujours difficile à trouver. Parce que si le web est devenu prolixe, il est également de plus en plus opaque.
Le Plus s'appuie donc sur la puissance du nouvel Observateur pour aller chercher et de mettre en avant les talents afin d'apporter un "plus" au débat, à l'actualité, par la richesse des analyses et des opinions, ou de s'ouvrir à une "autre" actualité, celle qui nous surprend et que l'on attend souvent en vain au coin de la redondance des médias traditionnels. Une autre "info" apportée par les chercheurs par exemple, ou par les dénicheurs de perles sur le web.
La communauté du Plus s'agrandit notamment par une mécanique de parrainage : les journalistes et les internautes ramènent les talents découverts dans leur entourage ou sur la toile. L'ambition est de mailler le territoire du savoir en s'appuyant sur les réseaux sociaux.
Le Plus est un média participatif qui tire les leçons de tout ce qui s'est fait d'intéressant dans ce domaine en lui appliquant l'exigence de la marque nouvel Observateur. Le Post.fr, bien sûr (dont je suis le co-fondateur) à qui lePlus a emprunté ses techniques de vérification et d'édition des contenus, mais aussi sa logique participative. Chaque membre a son espace personnel sur lequel il peut proposer librement ses contenus à la communauté. Les meilleurs contenus sont édités et vérifiés par la rédaction. A la différence du Post, la mécanique de sélection et de mise en scène journalistique est beaucoup plus mise en avant. L'idée ici est bien d'embarquer l'auteur "citoyen" dans une dynamique éditoriale. Le Plus est un écrin qui le met en valeur, les journalistes font donc un gros travail d'éditing et d'accompagnement de l'auteur pour rendre son contenu plus accessible et percutant. Chaque contenu est "lancé" par le journaliste qui l'a sélectionné et édité, un peu comme en télévision.
On précise également le temps de lecture de chaque contenu : une façon de jouer avec la fausse idée selon laquelle les contenus longs n'ont pas leur place sur Internet. Ils l'ont, mais pas à n'importe quel moment de la journée, et pas pour le même usage.
L'autre différence avec le Post, c'est que le Plus est intégré à la marque. Ce qui ouvre de nombreuses possibilités :
- côté business, le Plus entre dans l'inventaire du nouvel Observateur et fournit donc des pages supplémentaires et à forte valeur ajoutée.
- on n'écrit pas pour le Plus mais pour le nouvel Observateur. Avec une chance d'être publié dans le prestigieux magazine papier (un espace sera consacré au Plus).
- les meilleurs contenus seront mis en avant sur le site du nouvel Observateur. Le Plus est la brique communautaire de l'Obs, son ouverture à la société civile et aux communautés qui s'expriment sur les réseaux sociaux.
Le Plus s'inspire également du Huffington Post, qui ouvre une tribune à près de 9000 blogueurs, chroniqueurs et personnalités. Une vraie ouverture sur la société civile qui ne "subit" pas seulement le participatif (on publie ce que les internautes ont amené sur le site) mais qui va chercher les contributeurs qui lui semblent intéressants et utiles au débat. C'est aussi la logique du Plus : aller chercher les talents. La différence, ici, c'est qu'une partie des contributeurs est payée, et que le Plus réfléchit actuellement à une solution pour partager la richesse créée sur le Plus par l'ensemble des contributeurs publiés en Une.
Bref, le Plus est une expérimentation maîtrisée, qui se veut aussi une page blanche : très peu de fonctionnalités au lancement, mais une plateforme de co-production simple, qui sera améliorée au fil du temps, selon des process agiles et en fonction des retours de la communauté.
Il est piloté par Aude Baron, ex-lePost.
Le Plus sera lancé publiquement le 16 mai, il est actuellement en béta privée.
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