Les internautes préfèrent être sur Facebook que sur un site d'info ? Adaptons-nous
Par Marc Botte, journaliste community manager au Post.fr.
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Utiliser Facebook comme accélérateur de trafic d'un site d'informations : telle est, semble-t-il, la nouvelle poule aux oeufs d'or. Si c'est toujours Google qui apporte le plus de visiteurs à de tels sites, Facebook prend de plus en plus d'importance (Lire l'étude sur le sujet, relayée par l'AFP - article en anglais). Pas étonnant : les internautes y passent de plus en plus de temps.
Les sites d'informations en ont bien pris conscience, et la plupart d'entre-eux "animent" (c'est un grand mot) leur page Facebook en y postant quotidiennement plusieurs articles. Le but est double : varier les sources de trafic, et fédérer de plus en plus de "fans" pour élargir leur lectorat, et le fidéliser (Lire l'article "Les critères d'un article facebookable" sur le blog "Work in Progress" d'Alice Antheaume).
Des journalistes, transformés en community manager ou, plus classe, en "social media editor", sont dédiés à l'animation de ces contenus sur Facebook (et Twitter).
Avec une limite, comme le notait Benoît Raphaël (qui m'a invité sur ce blog, son blog, merci) : être sur Facebook, c'est bien, mais amener Facebook sur son site, "intégrer les réseaux sociaux sur son média", c'est mieux. Et c'est possible, via l'OpenGraph de Facebook. Avec les quelques plugins mis à disposition, qui permettent de voir l'activité de ses amis Facebook sur un site, ce qu'ils font, ce qu'ils lisent, ce qu'ils aiment, et ainsi de personnaliser la navigation du lecteur. L'OpenGraph permet également d'organiser votre site autour de "pages fantômes" : on s'abonne ainsi via Facebook à une catégorie présente sur un site en particulier et, magie, cette page ne se trouve que sur le média, pas sur Facebook. (Lire l'article : Comment ramener Facebook sur votre média (et pas l’inverse))
Oui, il faut être sur Facebook et, oui, il faut intégrer Facebook à son site.
Mais il faut faire les deux bien : il faut totalement intégrer Facebook sur son média, et il faut selon moi totalement mettre son média sur Facebook. À nous d'inventer comment.
Voyons ce qu'on peut faire.
Le postulat de départ est simple. On répète, on nous répète depuis longtemps maintenant que le journalisme n'est pas à sens unique. L'internaute n'est plus seulement en "lecture seule" : il est actif, interagit, il est acteur de l'info (pas besoin de vous faire un dessin ni de détailler le champ de ses possibilités, vous l'avez déjà lu cent fois).
Mais alors pourquoi se comporter sur Facebook comme au temps où l'on considérait sa cible comme simple lecteur, sans se soucier d'adapter son contenu au média, sans se soucier des réactions qu'il a face à un article ? Sans ce soucier du statut de prescripteur que tout lecteur acquiert à la lecture d'un article (c'était vrai du temps du papier, ça l'est encore plus de notre temps). Et pourtant, la plupart des pages Facebook de médias se contentent de ne faire que partager des liens renvoyant vers son site. Point. Ce que l'on s'efforce de faire sur son site en matière d'animation, il faut le faire aussi sur Facebook ! D'autant que contrairement aux internautes de votre site, vos fans Facebook ne se sont pas connectés sur leur réseau social préféré pour lire des articles. Offrez leur donc des contenus sous un format plus interactifs, plus adaptés au support sur lequel vous les distribuez.
Tout ça pour dire que si Facebook se donne (un peu) de mal pour proposer des fonctionnalités aux "Pages", autant les utiliser au lieu de se contenter de diffuser un lien "sec". Facebook est le lieu de la vie numérique des fans de votre page, interagissez avec eux comme dans la "vraie" vie. Vous avez à y gagner.
Je ne crois pas qu'il soit possible d'utiliser Facebook Places (pour partager avec ses amis sa localisation) en tant que page. Dommage… Les internautes disent de plus en plus ce qu'ils font en temps réel (les statuts facebook), où ils sont (Facebook places, foursquare), ce qu'ils aiment (les likes Facebook, etc) : n'attendent-ils donc pas que les pages qu'ils aiment leur renvoient la balle ? On pourrait imaginer (comme certains l'avaient évoqué avec Foursquare), que les médias disent où ils enquêtent, en guise de "teaser" pour annoncer un futur article. Imaginez, vous voyez que tel média dit se trouver à l'Assemblée : c'est un bon teasing pour annoncer un article sur un débat de députés en particulier. Ou annoncer, par exemple une future enquête à Joué-les-Tours après avoir indiqué sur Facebook s'y trouver.
Enfin, je m'interroge sur l'opportunité de créer des Pages Facebook événementielles. Vous êtes leader sur un feuilleton (un site d'info local lors d'une catastrophe naturelle, des révélations sur le financement d'un parti, vous suivez un procès médiatique en direct du tribunal, etc.), créez la page Facebook relative à cet événement particulier. Si vous ne le faites pas, les internautes le feront à votre place… Faites la promotion de cette nouvelle page sur votre page Facebook principale, adoptez le "style Facebook" pour rendre le nom de cette page attractive et virale, et postez-y toutes les informations relatives à ce sujet. Vous en êtes le leader, vous aurez des contenus. Les "fans" de cette page seront particulièrement intéressés par vos contenus (normal, c'est une page spécialisée), et interagiront probablement plus avec elle (s'en faisant par la même occasion les prescripteurs auprès de leur cercle d'amis). Les contenus postés sur le mur par les fans pourront être à haute valeur qualitative, comme le montre l'exemple du site d'info locale Komu.com qui a joué un rôle concret lors de la tornade de Joplin aux Etats-Unis. Le mur de ce média est devenu l'endroit privilégié sur Internet pour partager ses infos, ses questions sur le sujet. L'occasion pour les journalistes d'y trouver des témoignages, des contacts (une "Facebook newsroom" ? ;)). Bref, d'être leader sur les reseaux-sociaux d'un domaine dont ils étaient déjà l'un des référents dans les médias.
Bien sur, il faut continuer de partager les liens des articles en utilisant la fonction "lien". Mais de façon moins stakhanoviste : ce que vous gagnerez en nombre de fans en adoptant des techniques plus en phase avec l'utilisation de Facebook sera autant de potentiels clics en plus sur vos articles partagés via la fonction "lien".
Je ne suis pas adepte à 100% de l'idée d'un "média zeroW", totalement dématérialisé, et absorbé par les réseaux sociaux (lire ce vieil article très intéressant ici), puisque le problème du modèle économique et du partage des revenus (donc en fait de la faisabilité) n'est pour le moment pas résolu. Mais Facebook est là, il faut donc s'en servir pour ce qu'il est vraiment, l'infiltrer pour mieux distribuer ses contenus.
Dans la "vraie vie", quand on arrive dans un endroit qu'on ne connaît pas, on n'étale pas directement sa science, on ne dicte pas la marche à suivre. On apprend les codes de ce nouvel environnement, on pose des questions. Bref, on s'acclimate, on s'adapte. Les médias devraient faire de même avec Facebook. Au lieu de se comporter sur Facebook comme s'ils distribuaient un tract dans la rue et ne faire que proposer un article à la lecture de ceux qui passent par là, ils devraient s'intéresser à ce nouveau lieu, et à toutes les nouvelles fonctionnalités qu'il va permettre d'explorer.
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