Google+ voit la vie en cercles
Je teste Google+ depuis plusieurs jours et je me rends compte que j'ai, le temps d'un week-end, délaissé Facebook et Twitter. L'effet nouveauté, certainement, mais aussi le plaisir, addictif, de me retrouver enfin en petit comité sur le nouveau réseau social de Google. Depuis son lancement en bêta fermée mercredi dernier, la plupart des gens du web s'y retrouvent. Ils échangent des commentaires, beaucoup de gifs animés ! mais aussi des questions-réponses, et des liens...C'est assez agréable, et comme l'interface de Google+ a été bien plutôt bien pensée, je n'ai pas vu le temps passer...
Difficile de savoir si avec cette nouvelle tentative (après l'échec de Buzz et de Google Wave), Google va enfin passer le Rubicon du social et déstabiliser Facebook. Mais le sentiment laissé par la première vague de buzz est bien plus positif que lors des précédents lachers de services sociaux Google.
On y a même croisé Mark Zuckerberg, qui est aujourd'hui le GoogleUser le plus suivi sur Google+, devant Larry Page... Un signe ? Mais lequel ?
Réponse de Zuckerberg... via Twitter :
Facebook observe donc, avec intérêt certainement. Et prépare déjà sa riposte avec Skype cette semaine.
Aucune guerre n'est gagnée d'avance. L'Internet évolue en cercles.
Les cercle, justement, c'est l'un des principaux apports de Google+. C'est même ce qui le caractérise, le rend si addictif, et change un des paradigmes du web social : le partage. Google semble avoir fait le pari suivant : Facebook et Twitter ont construit le web social en brisant la barrière entre vie privée et partage public. Google+ prend acte de cette réalité, mais propose de passer à une nouvelle étape : après la découverte et la banalisation du partage à tout va, nous avons besoin de maîtriser, voire de structurer notre communication "sociale".
Facebook et Twitter proposent déjà de telles fonctionnalités : on peut classer ses amis dans différents groupes sur Facebook et créer des listes sur Twitter, mais l'exercice est laborieux et assez mal intégré. Google+ en fait le coeur de son réseau social. Il est assez facile glisser ses amis dans des cercles, puis de maîtriser son message : je l'envoie à mon cercle d'amis, à ma famille, à mes connaissances, à un groupe de travail ou au reste du monde ("mode public")...
On passe du partage symétrique (ma communauté) au partage assymétrique, découpé en cercles qui, parfois se recoupent. C'est parfois un peu confusant : il m'arrive d'avoir du mal à savoir ce que j'ai partagé avec qui, vu que tout s'affiche sur mon flux. Il est également dommage que je ne puisse pas partager mes cercles avec d'autres personnes.
Les cercles sont le signe que les réseaux sociaux arrivent aujourd'hui à maturité. Après le partage compulsif, le partage maitrisé.
C'est intéressant pour la vie quotidienne. Mais c'est surtout très utile pour travailler. Le premier "plus" concret que j'ai vu dansGoogle+, c'est son utilisation professionnelle. Google+ reprend le meilleur de Google Wave (qui était bien trop compliqué) et s'annonce comme un outil de travail collaboratif intéressant. Je peux créer un cercle de collaborateurs avec qui je vais partager messages, liens, documents, photos, en temps réel, avec la possibilité de commenter chaque post, mais aussi de chatter en texte ou en vidéo. Google+ intègre en effet toutes les fonctions de "chat" de Gmail en les améliorant. La fonction "Bubble" permet, avec une utilisation minime de bande passante, de créer des conférences vidéo à 10 personnes simultanément. Utile en entreprise. Pratique aussi pour générer des espaces collaboratifs dans les médias avec des contributeurs sur une thématique ou un événement. Seul problème : les cercles ne sont pas partageables, ce qui limite fortement l'aspect collaboratif. Par contre, on peut toujours organiser un chat restreint à un cercle...
Google+ a donc de nombreux atouts :
1) Google a bien appris des ses erreurs.
2) Google+ s'intègre suffisamment bien dans l'environnement Google pour que son utilisation ne soit pas contraignante mais semble, au contraire, presque naturelle.
3) Il prend le meilleur de Twitter (on peut s'abonner au flux public d'un utilisateur sans l'obliger à devenir notre ami), de Facebook (l'architecture), de Tumblr (Google+ est aussi un fil de news et de partage de contenus), de Skype (le "chat" et la vidéo) et de Foursquare (je peux faire un "check-in" dans un lieu) pour proposer une expérience enrichie grâce à la gestion des cercles. Laquelle reste à simplifier.
4) Il ramène du "privé" dans le nouvel espace public créé à la hussarde par Facebook et Twitter. Et ça fait du bien !
Mais Google+ a aussi des défauts :
1) Sa principale faiblesse est qu'il est encore trop fermé par rapport aux autres réseaux sociaux (ce qui peut s'expliquer par le fait qu'il est encore en bêta privée). Il force à faire un choix, ne serait-ce que sur le temps passé devant son ordinateur ou son mobile : Facebook ou Google+ ? Twitter ou Google+ ? Or, je pense que l'avenir est à l'intéropérabilité et la verticalisation des réseaux sociaux. En même temps, brancher son Twitter ou son Facebook sur Google+ casserait la dynamique intimiste du réseau. Mais on doit pouvoir créer des passerelles.
2) Le système de cercle, encore un peu confus, crée une rupture dans la mécanique de viralité et la rend plus complexe. Mais le fait de choisir à qui on partage (et donc de mieux cibler) peut aussi être un accélérateur de viralité.
3) On ne peut pas créer de cercle partagé, c'est un vrai "moins" dans le "+". Si je veux créer un cercle pro sur un atelier de travail ou une discussion, je récupère tous les posts des personnes que j'ai mis dans ce cercle même si elles ne concernent pas le cercle.
4) Google+ ressemble sans doute trop à Facebook. On a du mal à penser à lui sans le comparer au réseau social leader sur le marché. Et ça, c'est le signe qu'il lui reste encore énormément de chemin à parcourir pour s'imposer.
5) Il manque : les pages de fans pour les enteprises, de vrais URL pour mon espace personnel, des applications... Patience.. ça arrive bientôt !
En attendant, voici un petit guide à emporter partout pour utiliser au mieux Google+.
Et pour me suivre sur G+, c'est ici.
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