Benoît Raphaël

APPLE. Les mots de Steve

6 Octobre 2011 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Weekly, #just delivered, #apple, #démission de steve Jobs, #innovation, #steve jobs

Mise à jour 06/10/2011 : Steve Jobs est mort. Je l'ai appris par quelques most envoyés sur mon iPhone. Je re-publie ici ce billet tissant, à travers ses mots toujours élégants, percutants, au delà du génie industriel, le portrait d'un créateur fulgurant. Les mots d'un homme confronté à la mort depuis des années, une épée de Damoclès qui a profondément changé sa façon de concevoir son rôle. Un homme confronté à la mort, mais également aux usages et aux défis de notre époque, auxquels il a amené sa signature. En écoutant sa "voix intérieure". Steve Jobs a eu le privilège immense de dessiner un coin de nos modes de vie et de tisser une ligne, un style, sur les objets charnières de l'évolution des sociétés modernes. Sa lettre d'adieu au board et à la communauté d'Apple , en août dernier, était aussi sobre et élégante que le sont ses produits, ou plutôt l'esprit qui souffle à travers la lettre de ses produits. Vous pouvez la lire ici, j'en retiens ces mots : "J'ai toujours dit que s'il venait un jour où je ne ne serais plus en mesure de répondre à mes devoirs et aux attentes en temps que président d'Apple, je serais le premier à vous le faire savoir. Malheureusement, ce jour est venu." (Lettre de Steve - 2011) Des mots que je ne peux m'empêcher de connecter avec cette autre citation, tirée de sa célèbre leçon de Stanford, en 1985. Steve venait juste de sortir d'un premier cancer : "Me rappeler que je serai bientôt mort a été la chose la plus importante qui me soit arrivée pour m'aider à faire des grands choix dans ma vie. Parce que presque tout, tout ce que vous disent les autres, toute la fierté, toute la peur de l'embarras ou de l'échec - ces choses s'effondrent devant le visage de la mort, ne vous laissant que ce qui est vraiment important. Vous rappeler que vous allez mourir est le meilleur moyen d'éviter le piège de penser que vous avez quelque chose à perdre. Vous êtes déjà nu. Il n'y a pas de raison de ne pas suivre votre coeur. Restez affamés, restez fous." (Stanford University - 1985) Sur la mort, il y a aussi cette phrase toute simple : "Être l'homme le plus riche du cimetière ne m'intéresse pas. Aller coucher le soir en me disant que j'ai fait des choses extraordinaires aujourd'hui, voilà ce qui compte" (Wall Street Journal - 1993) Steve s'en va et, que l'on ait apprécié ou non sa politique de fermeture autour de ses produits (simplification et contrôle diront les autres), ou sa geste marketing, voire son caractère "impossible", on ne peut ignorer la singulière trajectoire qu'il a réussi à donner à l'industrie de notre temps. Peu de patrons peuvent se vanter d'avoir façonné leur époque. C'est généralement l'apanage des hommes politiques, dont la matière est, en apparence, plus noble. Mais nous vivons une époque guidée par les usages, et les usages sont guidés, de plus en plus, par ces produits qui relient les hommes entre eux : L'automobile (Ford), la technologie (Apple), Internet (Google), les réseaux sociaux (Facebook). Il y en aura d'autres. Jobs fait partie de ces aiguilleurs. Mais il a façonné son époque avec une sorte d'acharnement rare, comme un fil de soie tissé sur l'absolue complexité du monde en mouvement. Il agace beaucoup. Parce qu'il n'a rien d'un démocrate. Plutôt un despote éclairé. "Il est très difficile de designer un produit à travers des focus groups. La plupart du temps, les gens ne savent pas ce qu'ils veulent avant que vous leur ayez montré..." (Business Week - 1998) Sa vision industrielle l'a évidemment aussi poussé dans le mur, à de nombreuses reprises. Steve est capable de se tromper de manière formidable, terrifiante. Il restera un façonneur obstiné d'objets, d'objets qui nous relient les uns aux autres. Un façonneur plus qu'un créateur, direz vous. L'actualité récente nous a montré qu'en France, nous avons un problème avec le sens du mot plagiat, qui sert trop souvent d'aiguillon à notre étroitesse, notre incapacité à faire. Steve Jobs est un créateur, dans le sens où la véritable création ne vient pas de l'idée pure, originale, mais notre capacité à relier les choses entre-elles. Leur donner une direction. Un effleurement lumineux. On dit souvent que la couleur ne vient pas de l'objet lui même mais de la façon dont l'objet reflète la lumière. Steve cherchait à créer des produits inspirants plus que profondément nouveaux, des objets finis, à la perfection, autant que des points d'étape sur un chemin qu'il ne maîtrisait pas lui-même. Chez Steve Jobs, l’innovation est un process, souvent itératif, qui consiste à mettre en oeuvre, faire des choix, tester, lancer sur le marché, se tromper. Parfois en captant les idées formidables formulées par d'autres. "Picasso disait : 'les bons artistes copient, les grands artistes volent'. Nous avons toujours eu honte de voler les grandes idées... Je pense que ce qu'une partie de ce qui a fait le Macintosh quelque chose de grand c'est que les personnes qui ont travaillé dessus étaient des musiciens, des poètes, des artistes, des zoologistes et des historiens qui se trouvaient être également les meilleurs spécialistes en ordinateur du monde." (Interview vidéo - 1984) S'inspirant des autres, mais en écoutant sa voix intérieure, dira-t-il aussi. "Suivre les dogmes, c'est vivre avec les résultats des pensées des autres" Créer, c'est aussi la capacité de dire "non". Créer c'est aussi la capacité à s'acharner. “Le problème avec la folie des start-up de l'Internet n'est pas que trop de gens créent des entreprises, c'est qu'il n'y en a pas assez qui s'accrochent. C'est compréhensible, parce qu'il y a de nombreux moments remplis de désespoir et d'agonie, quand vous devez licencier des gens et abandonner des projets et gérer des situations difficiles. Mais c'est là que vous découvrez qui vous êtes et quelles sont vos valeurs." (Fortune - 2000) Merci l'artiste ! [dailymotion]http://www.dailymotion.com/video/x5m47b_vostfr-steve-jobs-stanford-commence_news[/dailymotion] A lire également : - Les meilleures citations de Steve Jobs : sur le Huffington Post et sur le Wall Street Journal. - La démission de Steve Jobs vue des réseaux sociaux.
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