TABLETTES. The Economist : "Ce plaisir rituel de la lecture"
Andrew Rashbass, patron du groupe The Economist, croit au retour de la lecture. The Economist, référence de la presse économique, devrait selon lui continuer à augmenter ses ventes. Pas sur le papier, mais sur tablettes et Kindle. La vente de magazines augmente rapidement, assure-t-il, parlant de 100.000 exemplaires digitaux vendus (le magazine en pdf amélioré), portant les ventes totales à 1,5M. "Les ventes papier devraient baisser dans les 18 prochains mois, mais je ne suis pas inquiet parce que je pense que les ventes totales vont continuer à monter." Les ventes de The Economist sont passées de 1M à 1,5M en 7 ans, Rashbass pense que le magazine pourra atteindre les 2 millions d'ici 5 ans, soit plus de 500.000 nouveaux acheteurs digitaux.
Tous les magazines n'ont pas ces chiffres sur tablettes. En France, ces derniers sont plutôt décevants. Mais la cible de The Economist est proportionnellement mieux équipée que l'ensemble de la population française. En France, la tendance est plutôt aux "Mooks", ces magazines vendus comme des livres, dont les projets pullulent depuis le succés de XXI : "Good Life" (belle production des créateurs d'IDEAT), "Uzbek et Rica", ou encore au printemps prochain "We Demain", le nouveau projet des frères Siegel (disclaimer : je travaille pour eux).
L'an passé, on parlait beaucoup sur la toile du succés des "longread", ces textes longs que l'on sauvegarde avec des outils comme Instapaper pour les lire sur mobile.
Quoi qu'il en soit, la lecture n'est pas morte et semble même retrouver de nouveaux écrins pour s'épanouir.
Sur le web, on lit beaucoup moins, moins longtemps en tout cas. Andrew Rashbass cite une étude du pape de l'expérience utilisateur, Jakob Nielsen, qui explique que les internautes ne lisent pas beaucoup, ils "scannent" l'info.
Et participent.
The Economist a donc pris une autre direction pour le web : les utilisateurs utilisent le web pour picorer du contenu entre plusieurs activités et qu'ils voulaient partager et discuter. The Economist a donc utiliser le web pour fédérer une communauté, et l'inviter à participer sur le site mais aussi partout sur le web. "The Economist online est devenu une communauté pour une conversation intelligente".
Le web, comme le marketing de la marque, et comme le lieu pour construire une communauté. Il n'y a qu'à voir le très fort engagement des utilisateurs sur les pages de fans Facebook (ils commentent et partagent à tout va les résumés de contenus sans lire la suite sur le site) pour le comprendre. Sur le web et le mobile le marketing communautaire, sur les tablettes ou le papier "le plaisir rituel de la lecture". Une expérience plus solitaire, sans doute, condition nécessaire à une prise de recul sur le monde et le flux. Un besoin de nourrir sa curiosité sur les choses, les autres, les idées. Une expérience qui nécessiterait un format spécifique.
Rashbass semble faire renaître ce vieux concept du bi-média : deux supports, deux types de contenus. Mais il faut prendre son analyse à travers le prisme d'une vision plus complexe. La dualité numérique n'existe plus, nous sommes dans la complexité de l'univers connecté, où les expériences varient en fonction des formats, des personnes, des moments où elles accèdent au contenu et des supports à travers lesquels elles y accèdent. D'où la nécessité de construire ses rédactions aujourd'hui dans l'univers digital, puis d'adapter contenus, expériences et services aux points de contacts avec les utilisateurs, de plus en plus nombreux et variés.
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