Benoît Raphaël

MEDIAS. Antoine Bayet, nouveau visage du Lab d'Europe1

5 Mars 2012 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Weekly, #just delivered, #Antoine Bayet, #curation, #Europe1, #Le Lab, #politique, #pure-player

Un peu plus de deux mois après son lancement, "Le Lab", le site laboratoire d'Europe 1, fait son premier bilan, positif, et démarre une seconde étape avec l'arrivée ce lundi matin de son nouveau rédacteur-en-chef, Antoine Bayet (son prédécesseur, Nicolas Moscovici, a quitté le groupe Lagardère début février pour lancer un projet personnel). (Disclaimer : j'ai conçu et développé le projet du Lab pour Europe 1, avec Gilles Nay et Laurent Guimier en interne)

L'objectif du Lab d'Europe 1 est double pour Lagardère : créer au sein du groupe un laboratoire d'innovation, fortement ancré dans les nouveaux usages et les médias sociaux, mais aussi apporter une offre différente à côté des trois sites traditionnels du pôle infos (Paris Match, le Journal du Dimanche, Europe 1).

Le Lab est un média qui traite de l'actualité politique en France. Son modèle éditorial est centré sur ce qu'on appelle la "curation", c'est à dire une rédaction dont l'objectif est d'aller chercher les meilleurs contenus et documents sur le Net, parfois en enquêtant. Se l'on tient compte de ce double objectif (expérimentation et audience), les premiers résultats sont positifs : Pour son premier mois en version publique, Nielsen/Médiamétrie crédite le site de 200.000 visiteurs uniques.

Plus intéressant encore, la part de trafic apportée par les réseaux sociaux, qui dépasse la moyenne des autres médias : Le premier apporteur de trafic du Lab est Facebook à 22% (la moyenne des médias est à 1,8%) Twitter arrive en 5eme position avec 13% de trafic apporté sur le mois de janvier. Google est juste devant avec 14% (hors Google News, qui fait 4%).

L'arrivée d'Antoine Bayet, journaliste issu de la génération digitale, laborantin dans l'âme, passionné de politique, permettra de recentrer Le Lab sur sa plus forte valeur ajoutée : la veille, par des journalistes, s'appuyant sur une communauté. Je lui ai posé trois questions hier soir, juste avant sa plongée dans le grand bain !

1) Ton parcours en quelques lignes 

En quelques liens (2012 > 2007) : spintank (et, notammentRSLN) > europe1la croix > @fcinqESJhémicycle > En quelques lignes : Formé à l’ESJ de Lille, à l’époque où la spécialisation web n’existait pas. Premier job dans l’équipe de la rédaction web de La Croix - défi : imaginer une couverture web qui fasse sens pour la visite du pape en France (<a data-cke-saved-href="a href=" href="a href=" http:="" pape-en-france.blogs.la-croix.com="" "="" target="_blank">et une réponse …). Puis un an et demi chez Europe 1, où j’ai vécu le déménagement de la rédaction web des combles à la newsroom du 1er étage - et de çà aux esquisses de ça. Ensuite : deux ans et demi chez spintank, aux côtés de Nicolas Vanbremeersch, passés à concevoir des dispositifs éditos en ligne atypiques qui, tirant tous les enseignements de la désintermédiation de la fabrique / consommation de l’info, amènent des entreprises / institutions à s’envisager comme des acteurs capables d’accoucher, par elles-mêmes, de contenus à haute valeur ajoutée. Qui les connectent aux débats, à l’actu de leur écosystème.

Ne sont pas centrés autour d’elles. Bref, en faire pas tout à fait des médias … mais presque. Un (très) gros projet accompagné et développé là-bas : l’animation du labo d’idées de Microsoft France, RSLN - pour Regards sur le numérique - qui s’est petit à petit forgé une place, bien réelle, dans l’écosystème des sites spécialisés sur les enjeux numériques.

2) Pour toi, qu'est-ce que/ que doit-être le Lab ? Comment se positionne-t-il dans l'écosystème des sites d'infos ?

L’information se délinéarisé ? Re-linéarisons là … avec de l’humain à l’intérieur. Mon envie : la « permanente dose of », soit la promesse de trouver le meilleur du web, sur un sujet x ou y, contextualisé. Avec un présupposé : le meilleur ne se trouve généralement pas dans l’écume, dans ce qui surnage, mais dans la longue traîne. Notre capacité à nous saisir de sujets qui sont encore dans cette fichue longue traîne, au plus profond du web social, et à les ramener dans le web de l’info, doit faire de nous un objet éditorial qui se placera en amont des autres sites d’infos.

J’aurai gagné mon pari quand les services politiques des radios, des télés, des sites internet, viendront chercher sur Le Lab ce qui « fait » le web politique, s’en saisiront. Le Lab aura alors contribué à apporter sa touche web à l’agenda …. Pour y parvenir, notre valeur ajoutée, c’est notre équipe de cinq journalistes hybrides. Veilleurs, éditeurs, rubricards : ils sont un peu de tout cela. Bref, ils sont « la sérendipité faite journaliste » - des postes totalement nouveaux. Notre principal concurrent ? Certainement pas un projet 100% médias, mais, sans doute, la technologie. Un algorithme qui irait chasser sur la même promesse de délinéarisation / relinéarisation, mais avec une couche éditoriale bien moins aboutie, et beaucoup moins d’humain. Bref, une sérendipité qui resterait Canada Dry.

3) Pourquoi avoir accepté de t'engager dans l'aventure du Lab ? Qu'est-ce qui te séduit dans le projet ?

L’aspect laboratoire de l’info, au sein d’un grand groupe médias, évidemment. Il y a deux modèles aujourd’hui, pour innover, quand on est un groupe médias : de manière exogène, en rachetant un pure-player, par exemple - ou en rachetant des équipes sans la marque, ça marche aussi. C’est cette approche qui est ultra-majoritaire, aujourd’hui, en France. L’idée de parvenir à faire du Lab un réservoir à projets, qui permettra de développer / incuber des projets éditoriaux innovants, au sein même d’un grand groupe, correspond à une vision nettement plus endogène de l’innovation, dans laquelle je me reconnais fondamentalement. Voilà, c'est dit. Bonne chance à Antoine !

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