Benoît Raphaël

Philippe Hayat : et si on faisait déjà bouger les lignes au lieu de tout attendre des politiques ?

18 Mars 2014 , Rédigé par Benoît Raphaël Publié dans #Bleu Blanc Zèbres, #Philippe Hayat, #entreprenariat, #France, #Portraits

Philippe Hayat : et si on faisait déjà bouger les lignes au lieu de tout attendre des politiques ?

Ce qui est cool avec Philippe Hayat, c'est qu'il a toujours le sourire, même quand il parle de l'économie française. Pour un entrepreneur, c'est un exploit. Mieux, quand il discute avec vous, il vous donne l'impression que vous êtes le type le plus formidable du monde et que, globalement,tout est possible pour peu qu'on s'en donne les moyens.

Bon, on ne peut pas dire qu'il aie vraiment échoué dans la vie, ça doit certainement aider. Après avoir monté et/ou piloté des entreprises avec succès, il a créé Serena Capital. Un fonds de capital risque qui a investi dans quelques jolies aventures comme Melty ou lafourchette.com. Successfull, donc, Philippe. Mais on se dit que même s'il avait échoué, il serait toujours aussi enthousiaste.

Pourquoi ? Parce que Philippe Hayat est un homme qui vit l'entrepreneuriat comme une philosophie de vie. Et qui cite Spinoza, qui est un philosophe de la joie, de la liberté et de l'action. Trois concepts qui définissent aussi bien l'entrepreneuriat. Par l'action, mon projet, "je persévère dans mon être" disait le philosophe, père du concept de "conatus" (la persévérance dans l'effort).

Être entrepreneur, ce n'est pas seulement être un Ken formaté par les écoles de commerce, avide d'argent, de Porsche Cayenne et de filles aux gros seins, c'est d'abord une façon d'envisager sa vie et son travail.

C'est aussi une vocation d'avenir, pense Philippe Hayat : dans un monde de plus en plus connecté et en réseau, il y aura de plus en plus d'entrepreneurs, mais aussi d'intrapreneurs, au sein des entreprises. Avides d'indépendance et d'aventures. Des perles rares que les grandes entreprises doivent aujourd'hui apprendre à garder au sein de leurs équipes. C'est déjà compliqué. Ce sera de plus en plus difficile. Elles devront faire leur révolution.

L'esprit d'entreprise est donc une des clés de la relance. C'est la raison pour laquelle Philippe a créé une association formidable : 100.000 entrepreneurs. L'objectif : insuffler ce goût d'entreprendre, ce désir de vivre son métier comme une aventure. Ce "conatus" porteur d'enthousiasme.

Comment ça se passe ? Très simplement. A la demande des professeurs de collège, de lycée ou de l'enseignement supérieur, des entrepreneurs viennent bénévolement témoigner auprès des élèves. Il peut s'agir de chefs d'entreprise (du grand patron au boulanger), mais aussi de responsables associatifs ou de porteurs de projets dans les entreprises. Avoir l'esprit d'entreprendre, ce n'est pas seulement monter une boîte.

Et ça marche. Un mauvais cliché pourrait laisser penser que le corps enseignant se méfie des entrepreneurs. C'est faux. En tout cas, pas pour une foule de plus en plus grande d'entre-eux, pas pour la nouvelle génération. Les demandes des enseignants se multiplient de façon exponentielle.

Jugez plutôt : 200.000 jeunes ont été sensibilisés depuis 2007. Et déjà 60.000 sur la dernière année scolaire !

Il y a quelques années, Philippe Hayat avait répondu au fameux "Indignez vous!" de Stephane Hessel par un essai paru aux éditions l'Archipel : "Entreprenez!".

"Mon propos était de dire : préférez l'action à l'indignation".

Si l'on est en droit de s'indigner, on ne peut pas se contenter d'attendre que les politiques fassent quelque chose pour régler les problèmes du monde ou du pays. Il faut agir. "On peut les pousser à agir par notre action".

En ce sens, l'aventure de Philippe Hayat est exemplaire.

Contacté par Fleur Pellerin, qui était son ancienne élève, il rendu un rapport pour améliorer l'entreprenariat en France. Quelle suite sera donnée à son "new deal de l'entreprenariat" ? On peut déjà parier que ses recommandations pour assouplir les mesures de licenciement et la fiscalité ne seront pas appliquées par le gouvernement actuel. Mais une décision a déjà été prise : celle de créer un programme de sensibilisation des jeunes à l'entreprenariat. Une vraie validation de la démarche de 100.000 entrepreneurs.

"Oui, on a besoin des politiques pour changer les choses en profondeur, mais on en peut pas les attendre. Il faut commencer par nous-mêmes".

"Je suis profondément optimiste. Nous avons un beau pays, sans doute les meilleurs diplômés, et il y a de l'argent pour les bons projets".

"100.000 entrepreneurs" fait partie des opérations remarquables sélectionnées par le mouvement lancé ce mercredi 19 mars par l'écrivain Alexandre Jardin : "Bleu Blanc Zèbre". L'objectif de ce mouvement, dont je suis l'un des heureux ambassadeurs numériques avec quelques amis, est de lancer un message aux politiques et aux citoyens : puisque nous n'attendons rien des politiques, le risque est que le pays sombre dans les extrêmes. Sauf si au lieu de râler et critiquer, les Français décident de se prendre en main, de trouver des solutions par eux-mêmes pour régler les problèmes du pays. Bref, de faire au lieu de dire.

Il y a déjà plein de citoyens qui ont monté des initiatives étonnantes et inspirantes dans le pays. Une première liste est visible sur le site "Bleu Blanc Zebre", où il vous sera expliqué comme vous pouvez les soutenir et les aider. D'autres les rejoindront.

Jolie initiative :)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :