Benoît Raphaël

Une semaine de travail sans Internet, sans smartphone... et sans craquer (enfin presque)

27 Avril 2014 , Rédigé par Benoît Raphaël Publié dans #La vie, #smartphone, #Internet

Tout a commencé un vendredi. Londres. Une semaine à redéfinir la stratégie éditoriale et réorganiser la rédaction d'une équipe digitale absolument géniale.

Déjà, il a fait beau durant les 5 jours de séminaire. A Londres, je le répète. Pas normal. J'aurais dû me méfier.

Dernier jour donc, grand soleil. Le taxi nous dépose devant le nouveau quartier qui est en train de se développer autour de la gare Saint-Pancras, ambiance Brooklyn, vieux bâtiments industriels recomposés autour du building hors de prix du Guardian (on comprend brusquement pourquoi la presse écrite est en crise du coup, tuée par son orgueil...).Bref, un nouveau Londres qui se réinvente sur son passé. Un nouveau Londres que j'adore.

J'étais donc là super heureux en train de dépenser mes derniers Pounds dans un brunch bio, au soleil, chez Caravan (vous voyez là sur la photo j'ai l'air content), quand je me suis soudain demandé où était mon iPhone.

(Photo Matthieu Stefani)

(Photo Matthieu Stefani)

Il faut que je vous explique que j'ai la fâcheuse habitude de perdre mes cartes de crédit. Deux fois en 2013. Mais jamais mon téléphone (par contre je le fais régulièrement tomber, ce qui m'oblige à en changer presque tous les ans...). J'avais donc pris un décision que j'avais trouvé lumineuse à l'époque : il me suffisait de mettre mes cartes de crédit avec mon iPhone, comme ça je ne les perdrais plus.

Du coup, ce vendredi après midi, j'ai perdu mes cartes de crédit... et mon iPhone.

Pas vraiment perdus d'ailleurs, oubliés dans le taxi qui nous avait ramenés. Mais comme c'était sa dernière course, il avait décidé de ne plus répondre au téléphone avant mardi, le lendemain de Pâques.

Je vous passe les détails de cette fin de journée. Je n'avais plus un Pound, à peu près 3€ en poche, et mon billet de train en version électronique... dans mon iPhone. Du coup, pour prendre l'Eurostar, j'ai dû me promener avec mon Macbook ouvert sur le PDF de mon billet. Je ne sais pas si vous avez déjà essayé de faire passer un écran d'ordinateur sous le scanner de billets de l'Eurostar, mais je vous invite à essayer, juste histoire de passer un bon moment à rire avec les employés d'Eurostar. Bon.

Je vous passe aussi les détails du micmac incroyable qui a accompagné mon voyage : mon billet avait été piraté, je ne sais comment. Si bien que sur le quai de la gare, il y avait 20 personnes qui tenaient une version imprimée de mon billet, en train de pleurer. Et moi qui me promenais avec mon ordinateur ouvert à la main.

Il faut que je vous dise aussi : j'ai pris un abonnement Internet et mobile pro chez Bouygues Télécom. Tous ces gens sont très sympas au téléphone. Sauf que quand vous déménagez il leur faut environ 3 semaines pour vous installer Internet, et une semaine pour réparer parce que, évidemment, ça ne marche jamais du premier coup.

J'ai donc débarqué chez moi sans téléphone et sans Internet. Jusque là, je compensais en connectant mon mac à la 4G (très bien la 4G de Bouygues). Mais là je n'avais pas de téléphone et donc, bref... comme je travaille chez moi, je me suis dit que les jours qui allaient suivre allaient être trèèèèès intéressants, d'un point de vue philosophique vous voyez.

Dès le lendemain, je me suis rué chez Bouygues. J'avais heureusement (hum) pris une assurance, qui vous garantit le remplacement du téléphone... sauf qu'ils n'avaient pas précisé que le téléphone de rechange c'était... un téléphone. En l'occurrence un nokia tactile symbian, doté d'une connexion WAP (si vous êtes de la génération Y, vous ne comprendrez pas ce terme... ni même le concept). Un téléphone tout petit dont les touches microscopiques vous empêchent de faire autre chose que de taper des numéros de téléphone. Impossible d'écrire normalement. Tout ce que j'arrivais à faire, c'était d'écrire des "gzpndlgn" parce que, je ne sais pas comment, je tapais toujours la touche à côté de la bonne lettre...

Evidemment, je n'avais plus accès à mon répertoire, si bien qu'à chaque fois que je recevais un texto, je devais demander : bonjour c'est qui ? (que je devais réécrire 4 fois, rapport aux touches minuscules).

Une semaine de travail sans Internet, sans smartphone... et sans craquer (enfin presque)

J'ai donc passé une semaine à travailler chez moi sans Internet et avec ce ridicule téléphone qui me donnait des airs de handicapé mental (le nez collé contre l'écran à cause des reflets, des traces de doigts, des lettres toutes petites et du tactile qui marchait une fois sur deux).

Ce qui est intéressant, c'est qu'on se rend vite compte de deux choses :

1. Internet c'est un peu comme l'eau courante.

Impossible de travailler sans. Et comme je n'y avais pas accès, je devais à chaque fois faire comme autrefois, vous savez, quand nos ancêtres allaient chercher de l'eau au puits. J'allais donc toutes les deux heures chercher Internet dans des cafés dotés de wifi. C'est là qu'on se rend compte qu'il y a finalement peu de cafés équipés à Paris. Je veux dire équipés de wifi qui marche.

Tu t'installes en terrasse, tu constates qu'il y a un wifi. Tu commandes ton café ou, pire ton petit dej. Et là tu te rends compte que la connexion déconne. Ton petit déj arrive et tu sens le plus misérable des CEO de start-up avec 15 putains de mails à envoyer depuis avant-hier.

2. Tu n'es pas obligé de lire tes mails ou de poster des messages inutiles sur Facebook toutes les deux minutes.

Non, en fait. Tu peux programmer les moments de la journée où tu vas checker tes mails et les envoyer. Et faire du vrai travail entre temps.

Bon, là du coup j'avoue que mon vrai travail consistait surtout à aller à des rendez-vous parce que je ne pouvais pas faire grand chose d'autre rapport au fait que je n'avais pas accès à Internet.

Chez Trendsboard, qui est une start-up moderne, on a fait le choix de se structurer en télétravail et de bosser dans le Cloud. Parce qu'Internet c'est tellement pratique que tu as l'impression d'être dans le même bureau que tes collègues, même quand ils sont à des centaines de km de toi. C'est magique.

Sauf quand tu as une connexion wap et un nokia pourri.

Ah oui, je ne vous ai pas parlé des rendez-vous d'ailleurs. Sans smartphone, impossible d'avoir accès à Google Map... Donc comment tu fais pour te rendre au 347 rue machin que tu ne connais pas au fin fond du 18e ?

J'avais trouvé un truc : je me connectais au wifi dans un café (notez : il me fallait à peu près 1h30 pour trouver un café wifi...), je cherchais l'adresse sur Google Ma et je prenais en photo l'écran. J'apprenais aussi par coeur le nom des rues. Par sécurité. Parce que le Nokia prend des photos floues. C'est pas pour rien que Microsoft a racheté Nokia. Ils ont toujours eu le sens de l'humour chez Microsoft.

Bref. Vendredi dernier, j'ai finalement récupéré mon téléphone et mes cartes de crédit que le taxi avait retrouvé à l'arrière de son véhicule et accepté de me renvoyer. Bien entendu, pour une obscure raison, le coursier international, qui est 4 fois plus cher que la Poste, a mis 4 jours à me les faire parvenir. J'ai d'ailleurs finalement dû aller chercher mon colis dans un dépôt à Saint-Ouen parce que vendredi "c'est déjà le week-end vous comprenez..."

Comme par miracle, Internet est arrivé chez moi le même jour.

Alors pendant quelques minutes, j'ai médité sur cette semaine étrange et je me suis demandé : mais comment on faisait AVANT ?

Et puis je me suis remis à consulter Facebook et mes mails toutes les deux minutes.

Une semaine de travail sans Internet, sans smartphone... et sans craquer (enfin presque)
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