Benoît Raphaël

Cette histoire indienne va vous faire changer votre regard sur l'innovation

9 Novembre 2014 , Rédigé par Benoît Raphaël Publié dans #innovation, #Inde, #Nootan Barhati, #Navi Radjou, #François Courcelle

Un premier voyage, qui n'est que le premier d'une longue série, à la rencontre de gens extraordinaires qui m'en ont plus appris sur la vie, l'innovation, la persévérance, l'entreprenariat et le rêve, que ce petit univers parisien, sympathique, mais qui a trop souvent tendance à se regarder le nombril. Découverte du campus de Nootan Bharati, au Nord de l'Inde, qui en dit long sur la capacité d'une communauté locale à se prendre en main.

Cette histoire indienne va vous faire changer votre regard sur l'innovation

(Photo : Les filles d'un village, près de Damana, dans l'Etat de Gujarat, la région d'origine de Gandhi. Les villages sont l'âme véritable et l'espoir de l'Inde, selon l'économiste Ravi Najou.)

Quand on parle d'innovation à Paris, on parle généralement de digital, on y rajoute objets connectés, big data, robots, disruption du marché, ou encore "smart cities" (villes intelligentes) comme avant on disait web 2.0, participatif et mobile. Alors quand on est dans les pouvoirs publics ou dans une grande entreprise, on crée des pépinières de start-ups, pour attirer les jeunes qui vont disrupter le marché de demain avec des produits super simples si possibles connectés et exploitant le big data même si le big data on ne sait pas toujours ce que ça veut dire sauf que, bon, il y a plein de données sur tout maintenant avec le digital et que toutes ces données ça doit bien pouvoir servir à quelque chose tellement c'est fascinant. Par exemple faire de sa ville une "smart city" en investissant dans des solutions futuristes de gestion du trafic, des parkings, du logement, de la santé, des drones, et même des gens. Et en oubliant souvent que les villes intelligentes ça pourrait être aussi l'intelligence collective. Pas seulement les data. Même si les datas, c'est vrai, c'est fascinant.

J'avais un peu tout ça dans la tête quand j'ai quitté Paris la semaine dernière, un peu trop de tout ça et j'étais en fait assez fatigué à essayer de courir derrière tous ces buzzwords (pause lexique de l'innovation : buzzword, ça veut dire mot que tout le monde prononce à la moindre occasion, surtout dans les conférences sur l'innovation), et à essayer de les caser, parfois un peu de force, dans mes projets, moi-même étant entrepreneur, créateur de médias innovants, fondateur d'une start-up faisant dans le big data, bref, un buzzword entrepreneur.

Et puis je suis parti en Inde. Pas vraiment pour aller chercher l'illumination mystique (il y a déjà de quoi faire en Europe), mais pas non pour y trouver l'innovation. Même si l'Inde, je ne vous apprends rien, regorge non seulement de gourous de sagesse mais commence aussi à produire pas mal de pionniers du digital.

J'aurais pu néanmoins. Enfin, je veux dire : chercher des innovateurs. Mais j'avais déjà beaucoup de travail chez moi et la tête pas mal enfoncée dans mon guidon. Non, je suis allé rejoindre un vieux copain, que je n'avais pas revu depuis 15 ans parce qu'on s'était engueulés sur un vague dilemne philosophique. Mon copain est prof de philo. Il l'est toujours. Et toujours aussi têtu sur les idées. Mais il a vécu depuis une aventure assez émouvante avec une école en Inde, où il retournait régulièrement. Il m'a invité quelques semaines avant, par texto, à venir fêter son anniversaire là-bas. Et surtout me montrer ce qu'il était en train de faire pour les enfants des villages paumés de l'Etat du Guarati, au Nord de l'Inde.

J'avais déjà un emploi du temps qui menaçait d'exploser et prenait parfois des proportions complètement absurdes, des tas de problèmes d'entrepreneur innovant à régler. Et, donc, certainement pas de temps à consacrer à une petite virée dans les villages indiens sur ces motos d'un autre âge que l'on conduit sans casque en slalomant entre les vaches et les mendiants. Pourtant, j'ai répondu oui. Sans vraiment réfléchir. Parce que je suis fidèle en amitié et que je suis un peu impulsif. J'ai vidé mon agenda et j'ai acheté mon billet pour un séjour d'une semaine que j'imaginais être une plongée dans le monde de l'humanitaire. Je ne réalisais pas que, en fait, la mission humanitaire, c'était pour moi, et que ce voyage, à défaut de m'ouvrir le troisième oeil, allait remettre en question ma vision du monde, de la vie, de l'entreprenariat, et jusqu'à la notion même d'innovation.

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(Photo : Un enfant dans un bus à Udaïpur, Rajhastan).

Quand j'ai débarqué de l'avion, à l'aéroport d'Udaïpur (la ville où a été tourné Octopussy!) je m'étais donc fait à l'idée que cette semaine arrachée à ma vie survoltée allait au moins me permettre de prendre un peu de recul. Au mieux, de filer un coup de main à des gens qui avaient des problèmes un peu plus urgents que les miens.

Je n'étais pas bien réveillé quand j'ai posé le pied sur le tarmac brûlant et défoncé. Mais quelques minutes ont suffi pour mettre tous mes sens en alerte. Un peu comme si tu te jettes hors du lit en catastrophe parce qu'une sirène s'est mise à hurler dehors et que, dehors en effet, c'est la fin du monde.

Je venais de débarquer dans ce pays incroyablemment, comment dire... indien. Il est banal de dire que l'énergie du lieu, de la population, de la lumière, s'attaque à ton coeur dès que tu mets le pied sur le sol. On dit que l'Inde transforme.

Il y avait ces couleurs, il y avait ces bruits : les tambours, les klaxons, une forme de silence et de chaos réunis, une interrogation profonde sur ce qui constitue vraiment la pauvreté. De quoi est-on vraiment pauvre ? Et qui est le plus pauvre ici ? Et qu'est-ce que la misère ?

Il y avait ces fils, ces connexions qui, à chaque regard, à chaque pas, s'ouvraient, t'ouvraient, dans ce pays ouvert à tous les vents, à tous les coeurs.

Dès les premières minutes tu sais déjà que tu n'es pas étranger, que la force de cette terre n'est pas dans sa tradition complexe et parfois fermée, mais dans sa fluidité et sa lumière. Et que la lumière se transmet à peine effleures-tu, sans vraiment la comprendre, la douceur et la craquelure des rues. Les gens sur les trottoirs, les escaliers, partout, les vaches et les chiens qui somnolent dans les ruelles, les mains qui s'ouvrent, les sourires, même dans l'eau des lacs, pourtant remplis d'ordures, dont les plis rappellent la croissance d'une âme en perpétuel recommencement.

(Vidéo : un petit tour dans la ville en tchouk-tchouk, une sorte de tricyle taxi qui se faufile parmi les chaos de la circulation dans la ville, au milieu des vaches, des passants, et des motos qui roulent dans tous les sens)

Je commençais à comprendre pourquoi l'Inde, malgré son bordel apparent, malgré et sans doute justement à cause de ses contraintes énormes qui jettent la grande majorité de son peuple en dessous du seuil de pauvreté, était peut-être la mieux armée pour affronter l'extrême complexité et instabilité du monde qui vient. Et si l'innovation c'était la capacité à faire preuve d'une inconcevable flexibilté, d'une attention constante portée à un environnement dangereux et toujours en mouvement, tout ça porté par une grande foi, par une foi d'enfant, par la force de l'imaginaire qui est, ici, libre, ouvertes aux possibles et aux connexions du monde ?

Je n'étais pas au bout de mes surprises.

Si la pauvreté, le chaos et sa modernité froissée par des relents de Moyen-Âge formaient la matière aussi effrayante que fascinante des grandes villes, c'est dans les villages que j'allais trouver les réponses à ces questions là : et si nous, Occidentaux de l'innovation, enfermés dans nos petits cercles de champions du digital, avec nos marges brutes exponentielles et nos bons conseils donnés aux "vieux" qui n'ont rien compris, n'avions pas pris la vraie mesure du monde qui vient ?

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(Photo : une fête hindoue sur les berges du lac d'Udaïpur. Les femmes et les enfants déposent des petits bâteaux remplis de bougie, symboles d'espoir et de rêves à réaliser)

Il faut d'abord que je vous raconte l'histoire de mon ami, François Courcelle. Elle est assez belle, elle n'a aucun rapport avec le digital, et elle en inspirera plus d'un.

Après je vous raconterai l'histoire de l'école dans laquelle il m'a emmené, et dont l'histoire est plus belle encore. Après nous irons visiter Nootan Bharati, cette école fondée il y a plus de 50 ans sur la terre d'origine de Gandhi, mais dont les fondements sont d'une modernité éblouissante : donner l'éducation la plus haute, la santé la plus élémentaire, mais aussi l'ouverture au monde, gratuitement, aux jeunes des villages alentour. La constitution d'un réseau. La paix comme un réseau d'échanges, de services mutuels.

Une école pas comme les autres qui a croisé dans les années 80, l'histoire incroyable de cet Indien, dont nous, génération digitale qui "oeuvrons pour un monde meilleur", n'avons jamais entendu parler. Entre 1982 et 1986, cet Indien, Premkumar, a quitté son pays, sans rien sur lui, ne comptant que sur la providence. Lui qui venait de la même ville que Gandhi et qui avait été biberonné à ses paroles, il a parcouru seul le monde. 10.000km à pieds, sans argent, sans aide. Premkumar avait décidé de parler de paix à qui voulait bien l'entendre, dans un monde en guerre et déjà pulvérisé par la crise. Petit à petit, et par des jeux de circonstances incroyables, il a réussi son pari. Il aurait pu mourir de faim ou de froid (il fait quand même très froid en Europe du Nord pour un Indien), mais il a toujours croisé quelqu'un sur son chemin pour l'aider. Il a été reçu par des pêcheurs en Irlande, puis par des foules entières, puis par des ministres en Belgique, puis à la Maison Blanche où il a, je crois, serré la main du président. Tout le monde a oublié cette histoire, même Internet.... Elle se perpétue aujourd'hui dans la plus surprenante des simplicités, dans le silence des gens qui font.

 

(Vidéo : la marche pour la paix organisée en 2010 par Premkumar dans l'Etat de Gujarat, à laquelle a participé François Courcelle. Point de départ de son odyssée indienne)

C'est donc l'histoire de cet homme hors du commun qui, un jour, a percuté celle de mon ami, ce prof de philo, philosophe voyageur, philosophe de la route aux Etats-Unis, celle de Kerouak, la route comme parcours de l'être.

Cet ami qui, en 2008, alors en pleine crise personnelle, emmené par son frère, ami de Premkumar, découvre ce pays dont il se moquait parfois, "pays de baba-cools". Et c'est en suivant le militant indien dans une marche bouleversante de 300km à travers les villages du Gujarat, accueilli par des foules d'enfants, qu'il a rencontré les responsables de l'école Nootan Bharati, dans laquelle Premkumar était très investi.

Ce qu'il y a découvert, les personnages charismatiques qu'il y a rencontrés, ont transformé sa vie.

En 6 ans, François est devenu l'un des piliers humains de cette école généreuse. Par des actions simples de solidarité, par des actions humbles, "en quoi puis-je être utile puisque vous m'avez accueilli ?"

Alors, avec d'autres amis, avec ses élèves, à Grenoble, à Paris, il transforme depuis 7 ans la vie de ces enfants autant que lui se transforme peu à peu. Son association, "Philodyssée" (comme philosophie et voyage) a déjà ammené des centaines de lunettes aux élèves, et été à l'initiative de la création d'un dojo de judo. François, qui manquait d'amour et d'argent, a compris durant toutes ces années que la richesse est ailleurs, qu'elle se tisse entre les gens.

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(Photo Philodyssée : inauguration d'un dojo de judo à l'initiative de François Courcelle, facile à reconnaître, c'est lui qui fait l'andouille au fond)

L'histoire de cette école pourrait faire l'objet d'un film. Je ne comprends d'ailleurs pas que Bollywood ne s'en soit pas encore emparée. En même temps je n'ai jamais vu de films bollywoodiens.

Nous sommes en 1958. Un jeune homme, Shir Ramajibhai, revient d'Amenabad où il a terminé ses études dans l'une des universités fondée par Gandhi juste avant son assassinat. Son obsession : revenir dans son village, et mettre à profit ce qu'il a appris pour sortir la région de la misère et du chaos dans laquelle est elle plongée. A cette époque, les villages sont sous la domination d'une mafia locale. Une bande de brigands qui pillent les terres des paysans, violent leurs femmes, et tiennent les élus locaux sous contrôle à coups de terreur et de pots de vin.

L'objectif de Ramajibhai est de pacifier les villages, de rendre leurs terres aux paysans, et de les empêcher de se réfugier dans les villes où s'entassent déjà des hordes de morts-vivantse quête de travail. Son arme ultime : fonder une école.

Evidemment, ça se passe très mal. Ramajibhai doit faire face chaque jour aux intimidations et aux menaces de mort de la part des bandits qui n'ont pas du tout envie que les villageois s'émancipent et soient pris de mauvaises idées. Terrifiée, la population, n'ose pas suivre. Jusqu'à cette nuit historique où les brigands entraînent le jeune directeur d'école dans une embuscade. Chez eux. Dès que le fauteur de trouble est entré, ils sortent leurs couteaux et le poignardent. C'est alors que quelque chose d'extraordinaire se produit. Les femmes des bandits, touchées par la bonté et la philosophie de paix de Ramajibhai, s'interposent et empêchent la mise à mort. En fait, elles lui sauvent la vie.

Ce rebondissement fait la une des journaux. Et comme dans un bon film de Bollywood, la population reprend espoir. Et les parents commencent à envoyer leurs enfants à l'école.

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(Photo : le mausolée édifié au coeur de Nootan Barhati, en hommage au fondateur de l'école, Shri Ramajibhai P. Vahora, mort il y deux ans, et qui est devenu un véritable héros dans la région)

En moins de 60 ans, Nootan Bharati a fait plus de bien à la région que n'auraient jamais pu le faire les gouvernements locaux et nationaux, pour la plupart corrompus et en faillite.

Loin de se contenter d'éduquer les enfants gratuitement, l'école a construit dans son enceinte un petit hôpital pour délivrer à tous, toujours gracieusement, les premiers soins. Dans les années 60, Ramajibhai a même inventé ce qu'on appelera plus tard le micro-crédit, permettant à des milliers d'agriculteurs démunis de racheter des terres et de commencer à vivre de leur travail. Il a aussi monté des programmes d'émancipation des femmes, d'éradication de la discrimination des Intouchables et des handicapés. Il a fait de son domaine une sorte de campus gandhien qui touche désormais les adultes le soir ou pendant leurs maigres vacances, pour leur permettre de se former aux techniques de pointe de l'agriculture, à la couture, à la lecture, à la mécanique ou aux nouvelles technologies.

Le campus s'est surtout autonomisé, cultivant les terres sur son domaine pour devenir auto-suffisant et nourrir les élèves internes ou demi-pensionnaires. Il a été le premier à mettre en place des techniques d'économie et de récupération d'énergie, et à pratiquer ce qu'on appelle aujourd'hui l'agriculture responsable. Pas par idéologie, mais avec beaucoup de pragmagtisme. Enfin, Ramajibhai a fait du service à l'autre et de l'empathie une nouvelle façon de penser l'économie qui s'est répandue dans les villages alentour comme un virus bienfaisant.

Pacifier, autonomiser, bâtir une économie sur la solidarité et la responsabilité : une règle d'or qui qui a permis à des milliers d'habitants de rester sur leurs terres, près de leurs familles, et d'éviter la misère des bidonvilles.

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(Photos : Quelques images de l'école de Nootan Barhati, devenue au fil du temps, un véritable campus autonomisé, avec un hôpital, des salles de cours, des dortoirs, une université ouverte, des étables, des champs cultivés, et un personnel d'une gentillesse rare... bon, qui ne parle ni anglais ni français alors il faut parler avec les mains...)

Je suis allé dans ces villages. J'ai rencontré leurs responsables et leurs habitants. J'y ai vu une grande pauvreté, bien sûr, mais jamais de misère. J'y ai vu des visages heureux, des gens ouverts qui ne demandent rien de plus que de vivre une vie simple et joyeuse. Leurs champs sont propres et bien entretenus, leurs vaches sont belles et tranquilles, les déchets ne jonchent pas leurs allées de poussière. Il y a de l'eau, pas beaucoup, de l'électricité, des écoles, il y a même parfois Internet. Et les gamins pianotent sur leurs téléphones mobiles en plastique qui portent tous des noms rigolos en lieu et place des Apple et des Nokia.

J'étais venu, avec ma vanité d'homme blanc et du digital, pour les aider. Amener du pain et de l'Internet. Mais ce sont eux qui m'ont aidé.

"L'innovation, il faut aller la chercher dans les villages de l'Inde", m'avait confié avant de partir ce grand expert de l'innovation, Navi Radjou, un économiste français, originaire d'Inde qui conseille aujourd'hui les plus grandes entreprises. Je n'avais pas compris. J'avais juste souri en hochant la tête pour ne pas avoir l'air trop con. Maintenant je vois. L'innovation, pas celle des robots et du big data, pas ici, pas encore, mais celle qui a compris que le monde est complexe, et que pour faire face à l'enfer de la crise il fallait d'abord pacifier, autonomiser, jouer la solidarité avant la compétition, rendre chaque individu plus intelligent. Innover c'est apprendre à gérer la rareté, c'est faire beaucoup avec très peu, c'est le faire en réseau. Et avancer par petits pas.

Ça commence comme ça. Pas avec des millions en recherche et développement. Ils sont de plus en plus nombreux à penser, en Europe, que la crise est une chance plus qu'une fatalité, et que c'est dans les pays les plus durement touchés que nait l'innovation. Parce que les contraintes sont plus fortes, parce que le système est affaibli, que les gens sont obligés de s'organiser entre-eux, et que tout ça pousse à être super créatifs.

Cette histoire indienne va vous faire changer votre regard sur l'innovation
Cette histoire indienne va vous faire changer votre regard sur l'innovation
Cette histoire indienne va vous faire changer votre regard sur l'innovation

(photo : le Dr Kanubai, fils du fondateur de l'école à côté de François Courcelle, lors de notre rencontre avec les villageois)

Alors bien sûr, il faut les aider. Il faut les aider à rester dans leurs campagnes, à ne pas céder à la tentation d'envoyer leurs enfants travailler dans les champs plutôt qu'à l'école, à continuer d'entretenir la terre sans la tuer, à s'autonomiser, à s'ouvrir au monde et à se connecter à Internet. Et à diffuser cette vision profondément innovante et optimiste du monde. Le vrai monde, vous savez, pas Paris.

Internet fera le reste.

Il faut les aider. Le successeur de Ramajibhai, son fils, le Dr Kanubai, qui est une copie du maître en plus rigolo, moins austère, plus jovial, est un médecin et un entrepreneur. Sa nouvelle mission : porter l'école en dehors de ses murs. Maintenant que la région a été pacifiée, il veut aller chercher les derniers enfants qui échappent encore au système éducatif et que l'Etat est incapable de rencenser.

Il faut aider le Dr Kanubai à développer sa "pépinière" de villages parce que, s'ils ont réussi à s'autonomiser, la pauvreté frappe encore durement la vie des villageois. Et même si l'Inde est en forte croissance, les inégalités ne cessent de croître.

Il faut surtout l'aider à se faire connaître du reste du monde pour que son action soit comprise et imitée. Elle est un exemple pour nous, occidentaux, qui ne concevont encore trop souvent la rareté qu'à travers le mot "luxe". Qui ne savons plus quoi faire face à la crise et aux grandes pénuries qui nous toucheront aussi. Et qui faisons parfois un peu n'importe quoi.

Crédits photos : moi-même :)

(Si vous souhaitez aider l'association Philodyssée, ou découvrir l'école Nootan Barhati, envoyez moi un mail à benoit.raphael [@] gmail.com)

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(Photos : le Dr Kanubai lors du lancement de la saison Open University. Comme vous le voyez, il y a beaucoup de femmes présentes. Autres photos : les cuisines de l'école, toujours très spartiates, mais remplies de bonne humeur...)

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