Le #flashtweet : comment une journaliste a créé un média à succès en seulement 10 tweets
Il y a des histoires comme ça qui s'enflamment comme une trainée de poudre. Et dont on dit après coup, mais oui, pourquoi n'y avais-je pas pensé avant ? Mais vraiment après coup. Parce que quand j'ai entendu parler du #flashtweet d'Emmanuelle Leneuf pour la première fois, je me suis dit : mais qu'est-ce que c'est que ce truc ? Un flash info à 7h30 sur Twitter, 10 tweets noyés dans une masse de messages de remerciements et d'interpellations avec des smileys partout. Pire : si vous ne vous levez pas à 7h30, il faut aller sur la page Twitter d'Emmanuelle Leneuf (@flashtweet) et fouiller dans son fil aussi rempli que le panier d'oeufs de Pâques d'une famille très très nombreuse.
J'avais tort donc. Du coup je lui ai payé un verre.
Et je vais vous raconter son histoire pour me faire pardonner.
On a bu 1 Spritz, je me suis étouffé trois fois avec mes cacahuettes en parlant, et on a fait un selfie :
Emmanuelle Leneuf est une journaliste plutôt cool, qui donne l'impression d'être assise sur une pile électrique, qui se présente comme une "dévoreuse d'infos" et qui, à la base, est à la recherche d'un emploi dans ce joli métier en péril qu'est le journalisme.
Et comme pas mal de journalistes qui quittent leur job avec un petit chèque, après être partie de La lettre de l'Expansion à la suite d'un plan social, elle s'est dit : je vais créer mon média. Et comme pas mal de journalistes qui quittent leur job avec un petit chèque elle s'est vite rendu compte que c'était beaucouuuup plus compliqué que ce qu'elle pensait. Au bout d'un moment, il faut forcément passer par la case business plan et aller chercher de l'argent. C'est en général à ce moment là que le journaliste-qui-quitte-son-job-pour-monter-son-média se remet à chercher du boulot.
Et puis Emmanuelle a eu une idée.
Pas l'idée la plus originale du monde. "Je me suis rendu compte qu'il y avait beaucoup d'infos sur Twitter et que si on les détectait rapidement on pouvait avoir un temps d'avance sur les autres médias". Sauf que c'est très difficile de s'y retrouver dans le flux de tweets qui innonde la twittosphère à longueur de journée. Tout le monde a fait ce constat. Beaucoup ont essayé de créer des outils ou des médias de curation (curation : mot très laid qui signifie "sélection et éditions des contenus les plus intéressants"), très peu ont réussi. Comme l'Important, par exemple, de l'ami Claude Posternak qui est devenu un modèle du genre.
Ce qu'a fait Emmanuelle est assez différent. Elle n'a pas seulement créé une sélection intéressante d'infos glanées sur Twitter. Elle a créé une véritable communauté d'experts, addicts de son #flashtweet, qui sont devenus, au fil du temps, ses premiers éclaireurs et ses ambassadeurs. Et pas n'importe quels experts : on trouve dans la communauté d'Emmanuelle des cadres de grandes entreprises, des patrons, des influenceurs qui retweetent ses infos, lui amènent des liens à partager et lui font sa pub. Des gens très sérieux à qui elle envoie des smileys colorés à longueur de journée pour les remercier et qui ont l'air de trouver ça parfaitement cool.
Mais surtout, Emmanuelle a inventé une nouvelle façon de consulter Twitter.
Le Flashtweet c'est quoi ? Chaque matin à 7h30, Emmanuelle publie 10 tweets, 10 infos qu'il ne fallait pas rater sur l'innovation et la transformation numérique. C'est tout.
Vous allez me dire : comment avoir de la visibilité avec seulement 10 tweets paumés dans le flot bordélique de Twitter, surtout quand on n'a que 1000 followers ?
En jouant la communauté à fond.
Ce qui est étonnant, c'est que les abonné au flashtweet vont directement sur la page personnelle du compte Twitter d'Emmanuelle pour trouver ses tweets. Ce que, rassurez-moi, vous ne faites JAMAIS habituellement.
Emmanuelle a donc inventé une nouvelle façon d'utiliser Twitter.
Et en passant, elle a créé un média. Le plus petit média du monde. 1400 caractères par jour. Et un nombre d'abonnés qui grimpe à une vitesse, comment dire, pas vraiment normale.
"En quatre mois, mon nombre d'abonnés est passé de 1000 à 5500. Et ça ne cesse de grimper".
Surtout, le taux d'engagement de cette communauté d'abonnés est lui-aussi hors-normes. Chacun des tweets du Flashtweet est retweeté entre 20 et 100 fois, par des utilisateurs qui, eux-mêmes, ont une communauté importante. Faire entre 2000 et 5000 impressions par tweet quand on a 5500 abonnés, c'est pas mal.
Le 2 juillet, Emmanuelle a donc décidé d'aller plus loin dans son aventure. Elle a donc créé un événement : les #flashtweetapero. Lors de la première rencontre, 60 personnes ont fait le déplacement. Ils ont bu des Spritz, enfin je suppose. Et tous se sont mis en quatre pour l'aider à trouver un business model à son nouveau média.
A force d'ingéniosité collective, Emmanuelle a donc commencé à y croire. Demain, elle pourrait bien tirer un revenu de sa bonne idée. Un média simple comme un smiley, qui n'existe que sur Twitter et qui se prolonge dans dans la vraie vie. IRL, comme on dit.
C'est tout le bien qu'on lui souhaite.