Trendsboard : notre histoire, nos échecs, notre nouvelle intelligence au service des médias en mutation
Ce que je vais vous raconter, n'importe quel conseiller en communication m'empêcherait de le faire. Ça tombe bien, je n'ai pas de conseiller en com.
Je vais vous raconter Trendsboard. Parce que je pense que nous avons tous une leçon a tirer de nos histoires et de nos échecs. Et parce que je suis content et pas peu fier, même s'il me reste encore pas mal de cicatrices, de pouvoir vous présenter aujourd'hui le nouveau visage de cette start-up qui visait la lune, jusqu'à ce qu'un drame...
Tout d'abord, le présent :
Un nouveau logo (que j'adore personnellement), de nouvelles couleurs (tellement vintage), un nouveau site, et surtout un re-positionnement sur ce qui fait notre ADN, Trendsboard fait peau neuve et nous avons plein de choses à vous raconter.
Il n'est pas un jour sans qu'on me demande : et alors, Trendsboard, comment ça va ? Je ne vais pas vous cacher que, comme toutes les jeunes start-up, nous sommes passés par des hauts et des bas. Et même des très bas. Je ne devrais pas vous raconter tout ça parce que ce n'est pas très marketing, mais je crois que l'entreprise moderne aujourd'hui se construit sur la transparence, et sur sa capacité à se raconter.
Trendsboard est né de la rencontre de deux innovateurs du digital. Un chercheur d'exception, personnage emblématique de l'intelligence numérique, Jean Véronis, et moi, stratégiste média, qui avait envie d'explorer de nouveaux paysages dans l'univers des contenus.
Et puis aussi Thomas Mahier, petit génie (enfin, grand plutôt... il mesure pas loin d'1m90) du code et du big data, et Julien Tauvel ninja de l'expérience utilisateur, du design, et du marketing.
Le premier est mort dans un terrible accident alors que nous préparions notre départ pour New-York, et nous aurions pu mourir une première fois. C'était notre meilleur ami, c'était mon grand frère. C'était une inspiration et une stimulation de tous les jours. C'est la perte de son humanité et de sa grandeur d'âme qui m'a le plus mis à terre.
J'ai refusé de dire stop. Et les autres ont suivi. J'y ai usé des larmes, un peu de sang, beaucoup de stress et d'argent. Des doutes, toujours, sur moi, sur ma vie, sur le sens de tout ça.
Et puis on a continué, avec cette énergie incroyable que les hommes sont capables de sortir d'eux-mêmes quand la tempête les écrase.
J'avais construit Trendsboard autour du génie de Jean Véronis. Quand il est mort, on est devenu une équipe.
Pour continuer, il nous fallait lever des fonds. Nous avons opéré une seconde levée auprès d'amis et d'experts qui nous ont fait confiance, malgré la fragilité de cette entreprise frappée au coeur, à coups de 5000, 10000 euros, et de beaucoup d'amitié. Un peu moins de 150K€, c'était juste une poche d'air et de confiance, qui devait nous donner du souffle pour préparer une troisième levée. Ce genre de levée qui peut tout changer ou te faire disparaître.
Il y a eu d'abord ce passage malheureux par une plateforme de crowdfunding "equity" (une sorte de levée de fonds participative), épuisante, pas vraiment adaptée à notre profil, mais qui a aussi révélé nos faiblesses.
Avec ce moment épique, où je me suis retrouvé, après avoir été contacté par plusieurs intermédiaires à l'accent étrange, dans un palace d'Amsterdam devant un mystérieux investisseur grec. Lequel m'a expliqué qu'avec la crise tout ça il devait faire sortir son argent. C'est à dire des valises pleines d'euros. Il m'a donc proposé de me prêter 3M€ cash et de m'en verser 10% en liquide comme ça, tout de suite, sous la table. J'ai regardé la table, j'ai regardé ma main. J'ai compté mes doigts. Je me suis dis que j'aimais bien ma boîte mais que bon, mes doigts, là, j'aimerais bien les conserver.
"Vous savez Monsieur, je suis juste un entrepreneur, je ne comprends pas grand chose aux prêts en liquide..."
Le pire ennemi des start-ups, c'est parfois la levée de fonds. Quand on ne fait plus que ça. Quand on en oublie presque de produire et de vendre.
Après le temps perdu, il y a eu cette une "due diligence" de 4 mois, durant laquelle nous avons travaillé sur les hypothèses d'un investisseur très motivé. Et vous savez comment ça se passe : vous bossez à 100% pour l'investisseur, il fait des plans sur la comète, vous y croyez à fond, lui aussi. Et vous vous affaiblissez parce que pendant ce temps vous ne vous développez plus. Vous comptez juste les mois qu'il vous reste en trésorerie, puis les jours. Nous avons failli disparaître à nouveau quand l'investisseur nous a brutalement laissés tomber, la veille de signer, parce qu'il voulait mettre un peu d'ordre dans sa vie. On le comprend. Je ne lui en veux pas. On ne vit qu'une fois. Mais, pour nous, c'était la fois de trop.
Je crois qu'on était surtout épuisés. Qu'on n'avait pas vu le revers venir.
Et je vous passe les toutes les autres épreuves, qui font la vie des entrepreneurs. Celles dont on dit crânement que quand elles ne les détruisent pas, elles les rendent plus forts. Mais dont ils se seraient bien passé quand même.
Là, on était en février 2015, on s'est regardés, on s'est demandé : on arrête ? Et puis Thomas a dit un truc, avec son sourire et son flegme éternel : "En même temps, il y a quelque chose de positif dans cette histoire. On s'est toujours serré les coudes, et on ne s'est jamais engueulés."
Alors on a trituré les comptes dans tous les sens, l'argent dehors, les aides possibles, on a fait des coupes un peu violentes, parfois déchirantes dans les effectifs (j'avais déjà arrêté de me payer quatre mois plus tôt). On a arrêté les clients qui te ramènent 20% de ton chiffre d'affaires et te prennent 80% de ton temps. On a regardé les projets qui pouvaient nous permettre de finir à l'équilibre à la fin de l'année. On s'est recentré sur ce qu'on savait faire, sur le marché qu'on connaissait, et sur ce qui nous amusait. Et puis on s'est un peu reposés. On avait besoin de se reposer.
Alors, entre trois missions ailleurs pour gagner nos vies et de longues séances prises de tête avec notre comptable, on a lentement reconstruit. Pierre par pierre. Ce n'est pas fini. J'ai envie de vous dire qu'on en est qu'au début. On a eu le soutien de clients qui nous aimaient bien. Et on les remercie.
On s'est aussi remis à s'amuser, à inventer. On s'est rendu compte que c'était facile de développer des prototypes intelligents parce qu'on avait maintenant une technologie solide, et une bonne expérience de ce qu'il ne fallait pas faire.
Surtout, on n'est pas allé chercher d'autres investisseurs. On est allé au plus simple, au plus efficace, au plus fun.
Et aujourd'hui j'ai le plaisir de vous présenter le nouveau visage de notre petite start-up. Celle qui, il y a deux ans, faisait beaucoup parler d'elle, qui a même reçu quelques awards, et qui aujourd'hui n'a qu'une seule ambition : vous faire profiter de notre talent pour amener dans les salles de rédactions (celles des médias comme celles, de plus en plus nombreuses, de ces marques qui deviennent médias) un peu plus de data, un peu plus d'intelligence.
Pour y arriver, on a profité de l'été pour se faire la main chez nos amis clients les plus malins : Eurosport, Metronews, ou encore Nice-Matin. On a essayé de comprendre quels étaient les vrais besoins pour aider les rédactions à travailler plus intelligemment, en s'appuyant sur toutes les datas qu'elles avaient à disposition mais qu'elles exploitaient dans le désordre, quand elles les exploitaient.
Aujourd'hui, Trendsboard, c'est un concentré d'intelligence technologique et data pour salles de rédaction. C'est une toute petite équipe, donc un peu débordée. Mais qui se connait par coeur. Qui impressionne partout où elle passe, je crois. C'est ce qu'on me dit. Parce que l'épreuve ne détruit pas le talent, parce que l'adversité rend ingénieux.
C'est toujours Thomas Mahier, ingénieur big data et sémantique, celui qui ne s'est jamais arrêté d'inventer dans son coin, parce que, je crois, qu'il ne sait pas arrêter la vague géniale de son cerveau.
C'est toujours Julien Tauvel, UX designer, qui possède ce talent unique de l'intelligence et de la vision, et puis cette rebellion si fragile du coeur qui font les grands bonhommes.
C'est Loïc Le Bleis, développeur tout-terrain, le type qui n'a que 2% de la boîte, qui aurait eu 100 occasions de partir ailleurs, et qui est toujours resté parce qu'il est dans la vie comme il est quand il code : solide, clean, qui bosse pour des valeurs autant que par plaisir.
Il y a aussi Isabelle Leveau, notre ange gardien, notre assistante mal payée, qui a tenu les comptes durant toute cette période, et qui s'est tapée tous les trucs compliqués, tous les clients qui payaient en retard, toutes les procédures que le droit français nous impose. Tous ces petits détails qui font la différence et qui nous ont bien souvent sauvé la vie.
Et puis il y a moi, qui ai porté tout cette histoire sur mes épaules, au début quand je pleurais la mort de mon pote, et après parce que je le pleurais toujours. Moi qui aurai pu m'échouer mille fois sur les rives creusées par les coups de la vie, par ceux des faux amis dont je ne me méfiais pas assez, et par mes propres failles, parce que l'entrepreunariat vous met toujours face à vous-même. C'est à dire à poil.
Moi qui comptais toutes les erreurs que j'avais accumulées, au risque de les laisser me submerger, mais dont j'ai choisi de faire un guide de vie plutôt qu'un fardeau de mort.
Je ne devrais pas raconter cette histoire parce que ça ne se fait pas. L'entreprise c'est un monde positif, où l'on est tous super heureux, super combatifs, super ingénieux. Successful, je le suis souvent, je l'ai été beaucoup, mais parfois non. Mais ça, on ne le raconte pas. Parce que sa vie, parce que sa boîte, parce que son image, il faut la photoshoper, il faut en couper les gouffres derrière le sourire du courage, sinon ça fait peur.
Mais mes amis entrepreneurs le savent bien : l'entreprise, parce que c'est d'abord un chemin vers la liberté, c'est aussi une leçon de vie.
Et dans leçon de vie il y a ces moments effrayants parfois où l'on doit affronter directement, sans filtre, sans filet, les conséquences de ses choix. Où son pire ennemi c'est soi-même. Ce portrait de Dorian Gray, impitoyable. Les doutes qu'on a toujours. Et puis l'impatience de gagner qui vous fait parfois rater des marches.
Alors, donc, je me répète, je suis super heureux de vous présenter aujourd'hui le nouveau Trendsboard, nettoyé de ses épreuves.
Dont l'offre est simple, et souple : nous manipulons les datas, toutes les datas, surtout les "big", et nous les rendons intelligibles pour qu'elles soient directement activables par les créateurs de contenus. Par les médias.
Nous sommes des fournisseurs d'intelligence pour médias en mutation.
Nous proposons toujours sur abonnement une batterie d'outils de tendance, désormais personnalisables pour chaque média.
Nous inventons également des outils prédictifs fonctionnant sur des technologies de machine learning.
Nous créons des programmes qui aident les créateurs de contenus à produire en empathie avec leur audience : choisir le bon titre, le bon ciblage sur les réseaux, le bon moment.
Nous développons également des algorithmes de personnalisation et de recommandation de contenus.
Nous redonnons vie à vos anciens contenus, parce qu'ils peuvent avoir de multiples vies.
Nous faisons du big data, de la sémantique, de l'analytique, du prédictif.
Nous aidons les médias à faire de la qualité, parce que nous les aidons à mieux vendre leurs contenus.
Et parce que chaque média est différent, nous apportons l'intelligence là où elle leur est utile, en nous adaptant à ses process, à ses objectifs, et aux données dont il dispose et dont il ne sait pas toujours quoi faire.
Alors voilà. On vous attend. Il y a un formulaire de contact sur le site.
Je remercie encore mille fois les médias et les marques qui nous ont fait confiance même quand on n'avait plus la force d'aller les chercher. Et plus encore ceux qui continuent de le faire, je cite les plus impliqués : Eurosport, Metronews, Le Point, Orange, Arval, Relaxnews, Nice-Matin, Conde Nast, Nextradio, M6 Web, pour les plus fidèles. Et puis tous ceux qui, depuis la rentrée, me contactent et j'ai parfois du mal à prendre au téléphone parce qu'ils sont de plus en plus nombreux.
Et encore tous ceux à venir.
Merci !