Le mur et l'horreur
Depuis les attaques j'ai l'impression d'avoir érigé une sorte de mur en moi. Pas d'émotion. Ou très peu. Trop peu. Une sorte de silence. Je me demandais pourquoi.
Et puis je me suis rendu compte que j'évitais systématiquement de regarder les images, de lire les témoignages directs, je me contentais de relayer les propos politiques, les actions positives. Je n'arrête pas de dire que ce drame va réveiller en nous quelque chose chose de fort, qui tient à l'identité nationale, pas celle du FN mais celle de la République, et aux valeurs.
Et puis depuis hier je commence à ouvrir la boîte humaine. Comme ce témoignage simple de Deedee Desneiges, bouleversant. Il y en a d'autres. Les visages de ceux qui ont disparu, si proches de nous, ces gens qui aimaient la vie. Cette humanité à laquelle je m'accroche. Face à l'autre visage, atroce, que je peux pas, que je ne veux plus comprendre.
Et pour la première fois depuis vendredi j'ai senti les larmes monter. Comme un barrage qui, doucement, se brise. Tout ce qui se passe depuis janvier, depuis vendredi, nous bouleverse, je crois, bien plus profondément qu'on ne l'imagine. Même si ce que l'on imagine est déjà trop violent.
Parce que ce n'est pas "qu'une" boucherie, pas "qu'un" attentat à nos valeurs, c'est un assassinat de cette lumière d'humanité. Cette lumière fragile en nous, cette lumière parfois poétique, qui nous donne le courage d'avancer chaque matin. Qui nous fait pleurer devant une aube, devant le sourire d'un être aimé, qui nous donne envie de donner.
Et j'ai compris pourquoi depuis vendredi, j'évitais de regarder l'horreur en face. Cette horreur là.
Je suis en terrasse (et je compte bien y rester)
4 jours. Depuis 4 jours, je pleure. Depuis 4 jours, tout me semble inutile et sans saveur. J'ai le coeur lourd, si lourd. J'essaye de ne pas me laisser envahir par la colère, fruit de ma révolte, de
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