Benoît Raphaël

L'autre visage des #geonpi

7 Février 2013 , Rédigé par Benoît Raphaël Publié dans #pigeons, #entreprenariat, #daily, #just delivered

Cette vidéo a pas mal circulé entre entrepreneurs sur Twitter et Facebook hier.

Une vidéo qui relativise l'image des chefs d'entreprise écornée par certains éditorialistes durant le débat des "#geonpi" (pigeons) autour de la taxe sur la plus-value. Débat de riches, disaient certains. Ce à quoi les entrepreneurs répondaient : attendez, vous ne connaissez rien de la réalité des start-ups, des petites entreprises qui se lancent. Pas de chomage pour les créateurs d'entreprise, donc pas de filet, pas d'horaires, souvent pas de salaire pour permettre de payer les premiers employés.

Cette vidéo, un peu larmoyante certes, un peu à sens unique aussi, a donc été pas mal partagée par des créateurs de start-ups. Parfois assortis de commentaires-témoignages, comme celui d'Alexandre Malsch, jeune patron de Melty :

Sincèrement c'est tellement vrai. Je crois que les gens ne savent pas à quel point une Startup (ou petite entreprise hein) peut être usante physiquement, surtout dans la phase de décollage. C'est pour ça qu'il faut faire beaucoup de sport, (pour moi le Surf :D) histoire de baisser le stress, et assurer que le corps suive !

Le sport est un bon moyen d'évacuer le stress, en effet, de relativiser la pression. Il faut parfois plus que du sport.

La pression est forte. Notamment dans les start-ups. Cela peut-être celle des actionnaires, du marché, de la trésorerie qui s'épuise quand les clients tardent à payer, les relations entre associés, les relations en interne, la friction quotidienne, physique et psychologique du parcours du combattant.

Je ne sais pas s'il faut parler de souffrance. Il y en a. Elle vient durant les coups durs, il y en a presque toujours. Comme partout.

Mais ce qui caractérise la vie du "pigeon", c'est cette formidable folie qui transcende l'angoisse. Il faut etre un peu fou pour monter une start-up.

Imaginez : vous n'avez pas beaucoup d'argent (vous débutez), vous mettez ce que vous avez, mais vous savez que vous n'avez pas de chomage. Ce qui fait que, concrètement, s'il n'y a plus d'argent qui rentre... il n'y a plus d'argent pour vous. Au début, ça peut arriver souvent. Et quand l'entreprise s'effondre, vous etes sans rien.

Il y a aussi les complications administratives (pour les aides comme pour les impots, c'est un labyrinthe).

Il y a la responsabilité face à vos premiers salariés qui n'ont pas la meme approche de la prise de risque. Vous prenez un risque parce que vous avez des parts dans la société et que pouvez espérer le jackpot, eux non, pourtant ils subissent aussi les conséquences d'un échec commercial. On l'oublie souvent, dans une petite entreprise qui démarre, les relations entre patron et salariés sont plus fortes. Ne pas pouvoir, ou craindre de ne pas pouvoir payer un salarié ou le licencier quand la trésorerie ne le permet plus, est une épreuve lourde pour un jeune entrepreneur qui s'ajoute à la pression quotidienne.

Et puis il y a les horaires de travail : cest à dire aucun horaire. Quand vous montez une boite, vous tirez un trait sur votre vie familiale pendant une, deux voire plusieurs années. Vous finissez à 1h, 2h du matin. Pas tout le temps, mais souvent. Vous travaillez le week-end. Il y a parfois une récompense au bout. Mais pas toujours. L'échec fait partie du quotidien d'une start-up. Il faut parfois plusieurs échecs avant de rencontrer le succès. C'est un apprentissage. Mais qui n'a rien d'un jeu-vidéo. Parce qu'en face il y a des salariés, des humains, il y a votre santé et vos finances fragiles.

Et pourtant, les créateurs d'entreprises affichent ce drole de sourire. Masochisme?

Non ! A coté de ça, il y a cette formidable énergie et ce grand bonheur : celui d'etre libre face à son destin, celui de créer, c'est à dire de faire sortir une idée du néant et de la rendre palpable et monétisable. C'est cette magie, cette folie du magicien qui fait marcher les entrepreneurs. Une folie qui épuise, peut aussi détruire, mais qui contrubue à la fabrique de l'ame. Parce qu'elle construit du sens (pour soi, parfois pour les autres), du concret, de la fierté, de l'effroi et de l'audace face à ce gardien du seuil qui nous oppose nos limites, qui ne sont pas loin d'etre infinies, pour peu qu'on ne s'enferme pas. Une joyeuse folie qui construit de la connaissance de soi. Et cet incomparable frisson du risque et de l'aventure humaine.

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