Yahoo : Marissa Mayer a-t-elle raison d'abandonner le télétravail ?
La décision de la nouvelle CEO de Yahoo de rapatrier tout le personnel en télétravail chez Yahoo a fait l'effet d'une bombe. Yahoo était pionnier dans le domaine. A-t-elle raison ?
Ce qui est sûr, c'est qu'il fallait un grand coup de pied dans la fourmillière. Yahoo mourrait lentement de beaucoup de choses, mais notamment de ses process. Trop lourds et complexes, ils l'empêchaient d'avancer rapidement. Je ne sais pas si c'est lié au télétravail, mais l'éloignement et les relations de travail à l'aveugle imposent souvent des process plus stricts qui peuvent casser l'énergie et l'implication dans u projet.
J'ai un avis assez partagé sur le télétravail, et je ne me suis pas encore fait mon opinion. Jusqu'ici, mon expérience en la matière en tant qu'entrepreneur est plutôt négative. Les problèmes n'étaient pas directement liées au télétravail, mais le télétravail a agravé les points négatifs.
J'ai longtemps défendu le télétravai : je trouvais ça moderne, dans un monde hyper conecté. Le télétravail coûte moins cher, il autorise des horaires plus flexibles. Il permet aussi de recruter des gens de qualité partout dans le monde, indépemment de leur lieu de vie. Il permet aussi de préserver une qualité de vie, notamment chez ceux qui vivent à la campagne. Qualité de vie qui se ressent sur la qualité du travail. Quand on est heureux, on travaille bien.
Mais il y a beaucoup d'autres désavantages : Il est très difficile de créer un esprit d'équipe en télétravail. L'absence de contact visuel ou direct favorise les fantasmes et, en cas de problème, génère du stress et des malentendus. Il faut une très grande confiance dans l'équipe ou des process et des outils de management très efficaces, ce qui ne facilite pas toujours l'esprit start-up, qui se nourrit d'énergie collective et d'échanges permanents.
Chez Trendsboard nous avons opté pour une système mixte. Cette organisation découle de nos expériences passées (nous avons chacun appris de nos erreurs) mais elle est aussi favorisée par l'exceptionnelle cohérence de l'équipe : des gens de très grand talent, dont 80% ont un esprit d'entrepreneur et son actionnaires de la start-up (nous sommes une toute petite équipe). Ils sont presque tous séniors et autonomes sur leur domaine. En même temps, les compétences se croisent de façon à stimuler les échanges constructifs, la solidarité et la "surveillance mutuelle".
Avant de penser télétravail, c'est la qualité et la compétence de l'équipe qui importe. Elle est capitale.
Chez Trendsboard, nous fonctionnons également sur deux pôles : un pôle technico sémantique près d'Aix en Provence, où le cadre de vie exceptionnel s'allie à la proximité géographique qui permet à chacun de rendre visite à l'autre, de partager parfois un bon repas. Et un pôle artistique/commercial à Paris où nous travaillons le plus souvent dans les mêmes locaux.
La cohérence de l'équipe se joue sur des séminaires mensuels durant lesquels nous nous retrouvons dans le Sud de la France.
Voilà ma petite expérience personnelle. Le télétravail, oui, avec une équipe autonome de grande qualité, une confiance mutuelle renforcée par des moments partagés ensemble réguliers, des process transparents mais pas trop lourds, des petites équipes rassemblées en pôles qui fonctionnent en réseau.
Alors Marissa Mayer a-t-elle eu raison ? Pour le blog Presse-Citron, il y a aussi des raisons cachées derrière cette décision :
La raison moins officielle (que nos confrères chez Business Insider tiennent d’une personne proche de Mayer) : parmi les très nombreuses personnes que l’on ne voyait jamais dans les bureaux de Yahoo, une bonne partie n’était tout simplement pas productive. Travailler chez Yahoo était devenu une planque et certains employés y travaillaient sans que personne ne s’en souvienne vraiment.
Et alors que Yahoo doit réduire drastiquement ses coûts, Marissa Mayer voit un avantage à cette stratégie : une partie des employés va choisir de démissionner lui permettant d’écrémer son personnel, sans véritablement virer personne.
Les raisons sont sans doute plus à chercher du côté de l'entreprise et de son état. Yahoo était devenue une vieille boîte. Pour la relancer il fallait retrouver de la cohérence. Le télétravail ? Oui, si l'équipe est excellente, motivée, si l'énergie et "l'esprit" est là. Yahoo avait surtout besoin de retrouver son mojo. Cela passait peut-être par ce type de décision radicale.
Le géant d'Internet Yahoo ! ne croit plus au télétravail
Un des plus grands acteurs d'Internet tourne le dos au télétravail, alors qu'il était un pionnier en la matière. Objectif : faire mieux collaborer les salariés. Beaucoup dénoncent une aberrat...