Mat Davy
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La République est en deuil, car elle est touchée en plein cœur.
Des journalistes, dessinateurs, caricaturistes, pigistes, ont été assassinés de sang-froid, pour ce qu’ils sont, pour ce qu’ils écrivent, ce qu’ils croquent : un journal satirique, Charlie Hebdo.
Ce crime intervient comme l’odieux point culminant d’un processus d’une dizaine d’années : la publication des caricatures de Mahomet, les procès, que Charlie a tous gagné, l’incendie criminel de ses bureaux en 2011, les soutiens, et naturellement, la résistance du journal, qui n’a pas, jamais, courbé l’échine, contre la terreur.
Aujourd’hui, la terreur croit avoir gagné, parce qu’elle a fait taire par la force, par la mort, une partie de la rédaction du journal.
Elle a théoriquement gagné parce que des gens sont morts. Parce qu’il y a des familles endeuillées. Parce que nous ne lirons plus, ne rirons plus, aux mots, aux dessins, de Cabu, Wolinski, Charb, et Tignous. Parce que nous sommes nombreux à ressentir une profonde tristesse, un désarroi, un sentiment de peur, de fragilité.
Une douleur.
Nous ressentons dans notre chair, la protection que sont censés nous garantir, les droits de l’homme, et parmi eux, la liberté d’expression, la liberté de conscience, le droit à la critique, à la caricature, à l’humour.
On se dit que rien ne sera plus jamais comme avant. Par-delà les horreurs du monde moderne, le fanatisme, le terrorisme, nous pensions que nous, en France, à Paris, terre présumée des droits de l’homme, nous étions, finalement, protégés.
Nous sommes affaiblis, blessés. Mais la terreur ne gagnera pas. Parce que notre Histoire, notre République, notre Europe, notre Droit, nous protègent.
Aujourd’hui, des fanatiques ont tué des hommes, au nom de leur intégrisme, et de la prétendue atteinte qui serait faite à leur Dieu, à leur prophète, à leur communauté, par des journalistes satiriques, et qui leur donnerait un permis de tuer.
Ces fanatiques refusent de se plier à notre Droit, à nos jugements, à nos principes républicains, à notre société démocratique, et utilisent la force, le sang, pour tenter de les faire plier.
Face à la terreur, et parce que nous sommes du côté du Droit, nous sommes donc légitimement en Résistance.
Les criminels doivent être trouvés, jugés, condamnés.
Mais il faut penser aussi à la réponse collective. A la protection de Charlie. A la protection des satiristes, des humoristes. A la protection de la presse. A la protection de notre société.
Nous vivons un tremblement de terre, et il nous faudra du temps, du courage, des actes, pour regagner notre confiance, en nos libertés, en notre sécurité.
Nous avons acquis nos libertés collectivement, il nous faudra les défendre aussi collectivement. Par l’union, le rassemblement.
Par la mémoire aussi, en les personnes qui sont mortes, au travers la republication de leur œuvre.
En nous retrouvant, au moins sous cette banderole symbolique, Nous sommes tous Charlie.