Politico lance un service payant à 1500$ / an
J'ai toujours admiré Politico pour son approche à la fois pragmatique et inventive du business model en ligne. Chez ce pure-player d'actu politique, basé à Washington, pas d'idéologie : le contenu de qualité doit être payant, Internet doit être gratuit, le papier est mort/vivant... mais plutôt : quel prix les lecteurs sont-ils prêts à payer ? Pour quoi ? Comment, où et sur quel support ? Bref, on mise sur la qualité et, surtout, on s'adapte à la complexité.
Politico est un pure-player d'info qui pratique le reverse-publishing : une édition quotidienne papier, gratuite, et rentable. L'édition est cependant vendue sur abonnement en dehors de Washington.
Politico pratique aussi le "reverse advertising" : certains articles sont "donnés" à la presse papier, Politico se charge de vendre de la pub sur ces pages et partage les revenus avec le quotidien client.
Résultat : le site est rentable : 20M$ de revenus en 2009, plus d'1M$ de profit. 11M$ vient du print, 7 de la pub online, constatait "Fast Company" début 2010. Vous pouvez consulter tous les chiffres ici.
Pour la première fois depuis son lancement en 2007, Politico se prépare à lancer un service payant. Mais pas pour le grand public. L'intégralité du site restera gratuite. Ce que Politico fera payer, c'est un tout nouveau service d'informations B to B, à destination des professionnels donc, autour de problématiques de niche comme la politique de l'énergie et de la santé. Le service sera facturé entre 1495$ et 2500$ par an. 40 journalistes vont être embauchés pour l'occasion.
Difficile de prédire le succès d'une telle opération, le marché étant déjà bien occupé par la concurrence, mais Politico a son mot à dire : avec son service gratuit d'infos, le site s'est construit une solide réputation au Congrès américain et auprès des lobbies.
On voit ici la démonstration d'un modèle agile, qui envisage l'info comme un service, pas comme de la vente de contenu, avec des packagings différents adaptés aux usages : un site et un quotidien gratuit pour construire la marque et une base solide de lectorat, des services payants sur les pros (inimaginables si Politico n'avait pas la notoriété qu'il a aujourd'hui), des articles cédés "gratuitement" à d'autres journaux mais financés par la pub. Voilà ce que j'appelle du business intelligent, servi par un média qui s'est construit autour du digital.
Un modèle dont devraient s'inspirer nombre de grandes marques de la presse quotidienne nationale.
Illustration : Jim Vandehei, co-fondateur de Politico.
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