Benoît Raphaël

Comment écrire un livre en 10 minutes

27 Janvier 2011 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Weekly, #just delivered, #livres, #Philip M. Parker, #robot

Sur son blog, Jeff Jarvis pointe du doigt le travail étonnant du professeur Parker. Philip M.Parker, chercheur à l'INSAED de Fontainebleau, près de Paris, a écrit plus de 100.000 livres aux titres aussi improbables que : - The 2007-2012 World Outlook for Rotary Pumps with Designed Pressure of 100 P.s.i. or Less and Designed Capacity of 10 G.p.m. or Less - Avocados: A Medical Dictionary, Bibliography, and Annotated Research Guide Webster’s English to Romanian Crossword Puzzles: Level 2 - The 2007-2012 Outlook for Golf Bags in India - The 2007-2012 Outlook for Chinese Prawn Crackers in Japan - The 2002 Official Patient’s Sourcebook on Cataract Surgery - The 2007 Report on Wood Toilet Seats: World Market Segmentation by City - The 2007-2012 Outlook for Frozen Asparagus in India Vous pouvez acheter ses livres sur Amazon. Ils sont imprimés à la demande. Chaque livre coûte quelques centimes et prend entre 10 minutes et 2 heures pour être rédigé. On pourrait croire cette histoire sortie d'une nouvelle fantastique de Jorge Luis Borges : "La bibliothèque de Babel" évoque l'hypothèse terrifiante d'une bibliothèque qui réunirait un nombre infini de livres, tout ce qui pu été écrit et tout sera écrit par la simple combinaison mathématique infinie des lettres et du nombre de pages. Le travail scientifique de M.Parker ne va pas jusque là mais il reste fascinant, même si je n'ai pas encore compris en détail comment fonctionnaient ses logiciels. Parker explique sa méthode dans cette vidéo : [youtube]http://www.youtube.com/watch?v=SkS5PkHQphY[/youtube] Comment son système marche-t-il ? Tout d'abord, les robots de Parker ne peuvent (pour l'instant) écrire que des études, des bilbliographies, des dictionnaires ou des guides à partir de données trouvées sur la toile. Pour générer un livre intéressant en quelques minutes, le scientifique a entré des méthodes de traitement différentes selon les thématiques. Il lui suffit ensuite d'entrer le domaine de l'étude, de préciser le sujet, le pays, une période particulière, et le robot va aller analyser les données sur des milliers de sources fiables pour en ressortir des informations bien ordonnées, des graphiques, des listes, des références, des résumés avec un certain nombre de phrases clefs pour lier le tout. Je ne sais pas si Parker a lu tous ses livres (par exemple : "3-Hydroxy-3-Methylglutaryl-Coenzyme A Lyase Deficiency - A Bibliography and Dictionary for Physicians, Patients, and Genome Researchers", vendu 27€ sur Amazon). Parker travaille aujourd'hui sur des programmes télévisés et des jeux vidéo éducatifs automatiques. Cette expérience scientifique pourrait en terrifier plus d'un, et elle pose énormément de question comme la validation des sources, les droits etc, mais je pense, comme Jarvis, qu'elle apporte surtout des pistes et des défis pour l'avenir : tout d'abord, il n'y a pas assez d'auteurs dans tous les pays pour écrire des études aussi pointues que la segmentation du marché des lunettes de WC en bois, étude qui pourrait intéresser un nombre très limité de professionnels. Peut-être un, deux ou trente. Mais un+un+un...  Nous sommes dans l'univers de la longue traine. Comme l'analyse Jarvis : il n'y a pas "trop de contenus", il n'y en aura jamais trop. Si l'on compilait les besoins cumulés de chaque individu, il serait humainement impossible d'apporter à chacun une réponse en terme de contenu. Le problème, encore une fois, ce n'est pas la production, qui peut et doit être infinie, pour répondre à chacun, le problème c'est le filtre et la valeur. Les robots de Parker permettent d'aller chercher automatiquement des données éparpillées, de les analyser et de leur donner une forme lisible et compréhensible. Des millions de données. Des centaines de milliers d'ouvrages. Un travail de titan. Comme celui réalisé par les robots de Robbie Allen pour produire "Statsheet", un média d'informations sportives entièrement automatisé. Un travail de compilation et de mise en forme laissé aux robots, et qui libèrerait du  temps aux experts pour produire une autre forme de travail : l'analyse, la mise en perspectives, les idées... Bref, nous serions à un tournant de l'histoire du livre. L'homme s'appuie sur les algorithmes pour produire plus de valeur et de sens. Plutôt une bonne nouvelle. (Illustration : Epoca Negocios)
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