Benoît Raphaël

La stratégie de lancement du Huffington Post en France : le Monde, le Post, et une rédaction 100% frenchie

10 Octobre 2011 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Daily, #Arianna Huffington, #France, #Le Monde, #Le Post, #The Huffington Post

Un nouveau pure-player d'actualités générales arrive en France, c'est désormais officiel. Arianna Huffington, de passage à Paris, l'a confirmé ce lundi matin au Monde : le Huffington Post lancera son édition française fin novembre en partenariat avec le Monde, et en s'appuyant sur le site participatif Le Post (filiale du Monde Interactif-. Le paysage web français commence sérieusement à s'encombrer :  après Rue89 (pas rentable), Mediapart (rentable), Slate.fr (pas rentable), Atlantico (bâti sur le modèle du Huffington Post, mais qui peine encore à trouver son audience), Owni (qui se cherche encore), Quoi.info (pas encore sorti) ou encore le projet de pure player de débat autour de l'info que lancera en novembre également les fondateurs de Webedia (Pure People), sans compter les pure-players "intégrés" le Plus (nouvel Observateur) et le Lab (Europe1), il va falloir batailler ferme pour se faire une place sur un marché minuscule, très difficile à monétiser. Voici comment le pure-player US pourrait opérer : 1) Une technologie éditoriale puissante : c'est le principal atout du Huffington Post, dont la marque est inconnue sur le territoire français. Le Huffington Post a construit son trafic en bâtissant une machine à référencement et à buzz. A la manière des fermes à contenu, mais avec une approche plus journalistique, le HuffPo s'appuie sur l'analyse des tendances du web (le buzz) en temps réel et sur les requêtes Google pour guider sa production éditoriale sur les accélérations du web. Le site s'appuie également sur une technologie communautaire (les "Social News") qui lui donne une viralité maximale. Même sans marque forte, le HuffPo a beaucoup d'atouts pour se positionner naturellement dans les moteurs de recherche et sur les réseaux sociaux. 2) Le partenariat avec le Monde et l'absorption du Post.fr : c'est la partie la plus complexe de l'opération. Le Huffington Post français sera porté par une société dans laquelle figureront le Monde, Le Huffington Post, et la holding de Mathieu Pigasse (Les Nouvelles Editions Indépendantes), lui même actionnaire du Monde avec Xavier Niel et Pierre Bergé. Un bon moyen pour Le Monde de maîtriser l'implantation d'un concurrent qui, aux US, est en train de détrôner le NY Times (avec plus d'1 milliard de pages vues), et de trouver une porte de sortie pour le Post. Selon Le Monde, le HuffPo s'appuierait sur l'audience développée par le site participatif Le Post. On n'en saura pas plus... Il semble logique que le média US conserve sa propre technologie et sa ligne éditoriale. Le plus cohérent (et le plus rapide à mettre en oeuvre) serait que le Huffington Post absorbe Le Post, qui ferait alors partie de la "brand" Huffington Post (les deux marques, du coup, cohabiteraient sur le Post, pas forcément sur le HuffPo), et renverrait du trafic vers le nouveau site, avant de fusionner petit à petit. Mise à jour 22h10 : Lors d'une conférence donnée à Paris, Arianna Huffington a précisé que les deux sites allaient fusionner, et que certains blogueurs du Post seraient invités à écrire sur le Huffington Post. 3) Une équipe éditoriale 100% française : 8 journalistes seront présents au lancement en novembre, sous la houlette d'un rédacteur en chef français. Quelques noms circulent déjà, les deux qui me sont venus aux oreilles feraient d'excellents choix. Il leur faudra deux qualités : une forte capacité à rassembler des communautés (gratuitement) de blogueurs et d'éditorialistes, déjà hyper-sollicités par la presse en ligne, ainsi qu'un réalisme éditorial sans scrupule pour aller chercher les moteurs de recherche. En plus de sa production éditoriale propre, le HuffPo français agrégera (sous forme de liens) les meilleurs articles du Monde. Il reprendra également, après les avoir traduits, quelques contenus du site US, à la manière de Slate.fr. Full Disclosure : je suis co-fondateur de trois médias cités dans cet article (le Post, le Plus et le Lab).
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