Benoît Raphaël

Tunisie : Internet, accélérateur de révolution

18 Janvier 2011 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Daily, #just delivered, #facebook, #médias sociaux, #révolution, #Tunisie, #Twitter

Un blogueur devenu ministre, un jeune Tunisien agressé sauvé "grâce à Twitter", le groupe de hackers internationaux "Anonymous" en croisade contre la censure du gouvernement, plus encore qu'en Iran, Internet semble avoir joué un rôle d'accélérateur dans la révolte des jeunes Tunisiens. Le site Gizmodo publie l'interview d'un cyber-activiste tunisien, Ahmed, qui raconte en détail comment le mouvement s'est appuyé sur les réseaux sociaux : "Internet a joué le rôle du média qui a tout déclenché et mis l’affaire du jeune Bouazizi (qui s’est immolé par le feu) sous les projecteurs de la population et des médias internationaux. Je me rappelle qu’un autre monsieur s’était immolé devant le palais présidentiel en 2005, mais a l’époque les Tunisiens ne bloguaient pas, et n’étaient pas très friands de réseaux sociaux." En 2011, tout a changé, les jeunes ont relaté les faits, pris des photos des manifestations qui ont suivi l’immolation de Bouazizi "et les ont relayé a travers twitter / facebook / leurs blogs", rapporte Ahmed, tandis que "les médias locaux et internationaux" boudaient les événements. "Tout est passé par Facebook", raconte une Tunisienne au site Nouvelobs.com. "Le slogan "Partager nous sauvera" s'est érigé en règle", poursuit-elle. "En Tunisie, Internet est devenu le seul moyen pour se révolter". "Plus de 1,8 millions de Tunisiens disposeraient d'un compte Facebook sur 3,6 millions d'internautes à travers le pays", rapporte le NouvelObs, citant le site "CheckFacebook". "Sur les 30 derniers jours, la Tunisie est même le troisième pays au monde où le terme "Facebook" est le plus recherché". Selon le journaliste d'opposition Taoufik Ben Brik "Même s'il est sous haute surveillance, même s'il est entouré de barbelés, Internet est devenu un titan que rien ne peut arrêter". C'est même la censure qui a catalysé la révolte. Face au blackout imposé par le gouvernement (des centaines de pages et de comptes Facebook bloqués ou piratés, le site de partage de photos FlickR ainsi que YouTube fermés en Tunisie), la résistance s'organise : en interne, les actvistes mettent à disposition des internautes des adresses relais pour permettre aux informations de circuler, tandis que le groupe international "Anonymous", connu pour ses actions contre l'industrie du disque et la Scientologie, ou en faveur de Wikileaks, se lance dans une croisade pour pirater les sites gouvernementaux et mettre en place des sites protégés, au nom de la "liberté d'expression" Aujourd'hui, les "Anonymous" veulent étendre leurs actions l'ensemble du monde arabe. Symbole de la cyber-révolte, le blogueur et technophile Slim Amanou a annoncé sur Twitter sa nomination au secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux Sports. Autre symbole, BulletSkan, ce jeune Tunisien agressé semble-t-il par des policiers, lance l'alerte sur Twitter. Le message est relayé des centaines de fois, et l'armée est alerté. "Sauvé grâce à Twitter" titre  Le Post, qui publie les tweets et la vidéo de l'internaute qui incite les jeunes à utiliser Twitter : "c'est très efficace". Il ajoute : "la révolution a commencé sur les réseaux sociaux". Dans un pays démembré médiatiquement, Internet est devenu le fil rouge d'une génération.
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