Benoît Raphaël

HUFFINGTON POST. Anne Sinclair : le bon choix ?

19 Janvier 2012 , Rédigé par Benoit Raphaël Publié dans #Daily, #just delivered, #Anne Sinclair, #Arianna Huffington, #Le Huffington Post, #people, #pure-player, #The Huffington Post

On le savait, mais l'annonce a été faite officiellement mercredi. Le 23 janvier, Anne Sinclair reviendra au journalisme en lançant le Huffington Post français dans les locaux du journal Le Monde. Résultat : depuis hier, la nouvelle est répétée dans tous les journaux, papier, radio, Internet, people, et dépasse enfin la petite sphère des spécialistes médias qui, seuls, connaissaient l'existence de ce fameux Huffington Post si difficile à prononcer (Vous avez dit quoi ? HuffTingtone Post?). Entre Arianna Huffington et Anne Sinclair, l'alliance est naturelle. Riches, féministes, journalistes ayant une appétence pour la politique (Arianna est allée plus loin, puisqu'elle a été candidate en Californie en 2003), et mariée (divorcée pour Arianna) à une personnalité politique. Le choix d'Arianna Huffington de faire appel à Anne Sinclair était donc naturel. Mais il était aussi tactique. La journaliste a deux atouts : elle possède un capital de sympathie énorme auprès des Français, inversement proportionnel à celui de son mari, mais elle a surtout un réseau immense et n'aura aucun mal à faire contribuer au site des personnalités de renom. Ce qui pourrait valoir au Huffington Post d'être cité dans les revues de presse au cours de la campagne. Deuxième atout : Anne Sinclair est people. Sa nomination à la tête du "HuffPo" français signifie son grand retour au journalisme, après des années sacrifiées aux ambitions présidentielles de son mari. Il y a du storytelling dans ce lancement. Pendant la même période, Anne Sinclair sortira un livre où elle tirera un trait sur le passé. Bref, on ne pouvait espérer meilleur lancement. Ce n'est certes pas ce qui fait le succès d'un site Internet : sur le web, un billet d'un people ne fait pas forcément plus d'audience que celui d'un blogueur. Parfois moins. Mais la priorité du Huffington Post était de casser le mur d'indifférence du grand public. S'appeller The Huffington Post et être américain, quand on est un pure-player d'informations, c'est un énorme handicap. Demain, les Français auront peut -être toujours du mal à prononcer "Le Huffington Post", mais ils le verront comme le nouveau média d'Anne Sinclair. Pas mal. On peut donc estimer que la première étape dans la guerre des pure-players, celle du lancement, a été remportée. Reste à s'imposer sur la durée, face à la dure réalité du web, déjà saturé d'initiatives. Sur ce plan, le HuffPo a deux faiblesses et deux atouts. Une équipe éditoriale réduite (8) et de second choix (les pressentis ont tous décliné l'offre), ce qui ne veut pas dire qu'ils ne vont pas réussir, et le fait qu'Anne Sinclair ne connait pas bien Internet. La journaliste s'est néanmoins fortement impliquée dans le lancement du HuffPost, tout comme Arianna Huffington qui a contacté elle même chaque journaliste. Les atouts du HuffPo ? Le savoir-faire technologique et éditorial du Huffington Post pour générer du trafic et s'appuyer sur les réseaux sociaux. Avec un outil de back-office extraordinaire, qui accompagne le journaliste dans l'écriture de son article pour optimiser son référencement. Deuxième atout : sa dimension politique. Aux Etats-Unis, le HuffPo a construit son succès sur son engagement dans la défense de la classe moyenne américaine. L'ex future première dame n'aura aucun mal à mener ce jeu là.
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